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Congrès de Paris. Le Congrès invita les parties intéressées à trancher leur différend au moyen d’un compromis d’abord, puis d’un arbitrage, puis, en cas de division des arbitres, par la sentence d’un surarbitre. — De quoi se mêlent ces diplomates européens ? répliqua Couza : les questions intérieures sont notre affaire et non la leur ; nous n’entendons pas subordonner notre législation à leur bon plaisir. Mes prédécesseurs n’ont pas été assez radicaux en prétendant n’être que des surveillans et des tuteurs : les fondations religieuses sont une propriété de l’État, dont il est maître de disposer à son gré. — Il ne se prêta donc ni à un compromis, ni à un arbitrage : s’instituant propriétaire, il fondit à coups redoublés sur les moines, les accusa d’être des intrus, en possession illégale de leurs biens et de viser à établir un État dans l’État. Il refusa de reconnaître les hégoumènes nommés par les chefs des communautés, interdit l’usage de la langue grecque dans l’office divin de tous les monastères, ordonna que tous les revenus fussent versés dans la caisse de l’État, défendit d’intenter aucun procès et de faire aucun acte judiciaire sans l’assistance des avocats de l’État, mit les vases et objets précieux des monastères grecs sous la surveillance des protopopes locaux, en cas de besoin, sous celle de l’autorité civile, prescrivit de déposer tous les titres et actes provisoirement dans un monastère sûr, gardé par un poste militaire bien armé, et enfin les fit transporter aux Archives.

Le Père Cyrille, épitrope des monastères du Saint-Sépulcre en Valachie, s’étant opposé au paiement des fermages des terres de son monastère aux caisses du Trésor, fut destitué et traduit devant la justice criminelle. Le même traitement fut infligé à quiconque osa officier en langue grecque, ou se refusa à abandonner la gestion des biens de son couvent. Le tout fut couronné par une loi de sécularisation du 24 décembre 1863, déclarant que les biens des monastères de Roumanie, dédiés ou non dédiés, seraient désormais considérés comme propriété de l’État. En retour de ce qu’on leur enlevait, on offrit aux Lieux-Saints une somme de 27 millions une fois payée (80 millions de piastres).

L’Europe, comme on disait alors, réunie en conférence à Constantinople, déclara nulles toutes les mesures radicales de ce petit prince qui la bravait : il ne lui appartenait pas de résoudre seul, de son autorité propre, des difficultés dont elle s’était