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leur camp. Le combat, commencé le 18, à la pointe du jour, par une surprise de l’infanterie montée anglaise au bivouac près du gué, dure jusqu’au soir. La 6e division (général Kelly-Kenny), la 9e division (général Colville) sont engagées. Elles exécutent une marche concentrique pour resserrer les Boers sur le gué. L’artillerie est en batterie à 2 500 mètres. Vers midi, grâce à un mouvement de l’infanterie montée, les Boers sont cernés. 20 000 Anglais enveloppent sur les deux rives les 4 500 hommes de Kronje. Il semble que dans cette étreinte les Boers vont être broyés. Rien cependant n’est fini.

La 13e brigade (Knox) et la 3e brigade Highlanders attaquent à une heure. Leurs deux généraux sont blessés. Elles ne peuvent pas s’approcher de la rivière, à moins de 1 000 mètres.

A deux heures et demie, la brigade Knox ayant à sa droite un bataillon des Yorks et à sa gauche six compagnies des Highlanders, attaque de nouveau. Elle arrive jusqu'à 350 mètres et ne peut aller plus loin.

A quatre heures, la 19e brigade, renforcée par les Cornwalls, se lance dans une attaque désespérée à la baïonnette. Elle est écrasée à 400 mètres. Cependant, Canadiens et Cornwalls ont rivalisé d’énergie. Sous la fusillade qui se déchaînait, dès qu’un homme était vu debout, leurs chefs étaient tombés. Les troupes durent attendre la nuit pour pouvoir se mettre en retraite. Elles avaient perdu environ 1 200 hommes tués ou blessés.

Le lendemain, 19, un attaché militaire avait rejoint lord Kitchener près de l’artillerie de la 5e division, qui, renforcée par celle de la 7e division et par six pièces de marine, canonnait à 2 500 mètres le laager de Kronje. L’effet de cette artillerie paraissait écrasant. Près des batteries se trouvait la 18e brigade d’infanterie en ligne de masse. C’était les Buffs, Essex, Yorkshire et Wellsch. Les hommes avaient une apparence superbe d’entrain et de résolution. Le redoublement de la canonnade semblait indiquer la préparation de l’assaut. L’attaché, militaire demande au général Kitchener s’il a l’intention d’attaquer. « Il y a mieux à faire, répondit-il. Si j’avais su hier ce que je sais aujourd’hui, je n’aurais pas attaqué les Boers dans le lit de la rivière. Pareille attaque est impossible contre le fusil. »

Cette sanglante affaire du 18 février est la dernière dans laquelle les Anglais aient cherché à forcer une position en employant les anciennes méthodes. Dans leur mouvement de Paar-