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Bien mieux, lord Methuen va maintenant employer le procédé indiqué par les Allemands comme pouvant être une des formes du combat de l’avenir. Les troupes mises en marche pendant la nuit règlent leur mouvement de manière à se trouver à la pointe du jour à pied d’œuvre des positions de l’adversaire, en formation d’attaque. Elles doivent profiter de l’obscurité pour franchir la zone de feu, et, dès qu’elles voient clair, donner l’assaut.

C’est ce qui fut fait, le 23 novembre, à Belmont. Le général Methuen exécute une marche d’approche de nuit de 8 kilomètres, puis forme les sept bataillons de son infanterie sur deux lignes de bataillons en colonne double. Chaque compagnie est en bataille sur deux rangs. L’infanterie est ainsi disposée pour l’attaque décisive. La marche s’effectue dans un ordre parfait et dans un silence absolu. A quatre heures du matin, le jour commence à poindre. Les troupes ne sont plus qu’à 300 mètres de l’ennemi, chez qui rien n’apparaît ; on croit même qu’il a fui, ou qu’il va être surpris. Elles arrivent à 250 mètres. Tout à coup la fusillade éclate. Une grêle de balles s’abat sur ces formations compactes. Mais ce sont les meilleures troupes du Royaume-Uni. Malgré les plus lourdes perles, et, après deux assauts repoussés, elles atteignent la ligne de défense, mais la trouvent dégarnie. En face d’elle, une nouvelle ligne s’est démasquée. Tout est à recommencer. Elles recommencent : cette deuxième ligne est enlevée. Derrière, il y en a une troisième. A huit heures, elle est prise. Les Boers se replient encore pour aller occuper une position plus loin. Il n’y a rien de fait. Les troupes exténuées retournent à leur camp de Belmont et, somme toute, le sacrifice de 20 officiers et 296 hommes tués ou blessés n’a produit aucun résultat. Les Boers n’ont pas 30 hommes hors de combat.

Le 20 janvier, à Venters-Spruit, le changement de tactique se dessine. On voit deux bataillons de la brigade Woodgate (1er bataillon des South-Lancashire et 2e bataillon de Lancaster) se porter en avant entièrement déployés en tirailleurs, tandis qu’une masse de six bataillons vient se placer dans un angle mort pour y attendre le signal de l’attaque décisive.

A 11 heures, ce signal est donné. Profitant des leçons précédentes, les bataillons de tête se forment en longues lignes minces et progressent par bonds. Ils arrivent jusqu’au plateau, qui forme un glacis de 900 mètres environ, et essaient d’y pénétrer.