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arrivé avec ses troupes à 400 mètres de la ligne ennemie. Il donne l’ordre de déployer et d’attaquer. Le mouvement commence à peine, lorsqu’un coup de feu, tiré de près par une patrouille boer, donne le signal. Une grêle de balles s’abat sur les troupes, les prenant de front et d’écharpe. En quelques secondes, le cinquième de l’effectif jonche le soi. « Grâce à la célérité de tir des fusils à chargeurs, écrit un témoin anglais, le feu sans interruption continue écrasant. » Les survivans se replient en désordre. Les officiers, en voulant se maintenir sur le terrain, succombent. Le général Vanchope est tué, les débris de la brigade se reforment péniblement en arrière. L’affaire a duré six minutes : 650 hommes, sur 3 600 engagés, sont restés sur le terrain.

L’artillerie anglaise se met en batterie et, couverte par les débris des Écossais, prépare le renouvellement de l’attaque par la garde. Il est 7 h. 30. Celle-ci entre en ligne ainsi que les Gordon-Highlanders, primitivement laissés au convoi, et appelés en toute hâte.

L’artillerie appuie de près l’attaque de l’infanterie. Les dispositions réglementaires sont, on le voit, exactement observées. Après une violente préparation par l’artillerie de campagne, appuyée par de grosses pièces de marine, qui tirent des projectiles à lyddite, les Gordon-Highlanders sont lancés à l’attaque. Ils sont décimés et ramenés sur leurs positions premières, où ils restent couchés tout le reste du jour, sans pouvoir avancer ni reculer.

Au son des cornemuses, la brigade écossaise avait pu être ralliée par petits groupes et placée en avant de l’artillerie pour la couvrir ; mais, vers deux heures, les Boers, qui avaient presque cessé le feu, l’ayant repris soudainement, les Écossais se replient. Les quelques officiers survivans essaient de les maintenir et se sacrifient ; mais, vers cinq heures et demie, les canons boers étant entrés en action, les débris de cette malheureuse brigade doivent se replier encore. On avait perdu 971 officiers et soldats ; les Boers, 200 hommes à peine.

A partir du 15 janvier, dans les affaires sur la haute Tugela, les procédés de combat commencent à se modifier. La nuit est utilisée pour les marches d’approche. Les troupes sont éclairées à grande distance. L’artillerie agit en échelons. Les pièces de campagne se portent en avant quand les grosses pièces de marine ont ouvert le feu.