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-taques ont essentiellement pour but l’utilisation du terrain pour les cheminemens à couvert et l’action concentrique du feu sur les points de la ligne de combat de l’adversaire où peut se présenter soit un saillant, soit une sinuosité. Ils en profitent alors pour assaillir un de ces points de plusieurs côtés à la fois et l’accabler. C’est au moyen de ces enveloppemens à grande distance, puis par ces rapprochemens continus et par des marches rampantes, que les Boers arrivent à mettre hors de combat et à faire capituler des troupes bien pourvues d’artillerie et d’un effectif très supérieur au leur.

En tant que cavalerie, les Boers agissent comme les dragons français sous Louis XIV. Dans les poursuites, ils se sont montrés des maîtres. Ils longent latéralement, au galop, les colonnes de l’adversaire, mettent pied à terre aux endroits favorables, les écrasent de leur feu, mais ne les chargent pas.

Souvent les Anglais ont été aussi démoralisés que s’ils avaient subi une charge heureuse. Ils font de grosses pertes, et les Boers aucune. Les tentatives des Anglais soit pour charger dans les poursuites, soit pour se dégager, ont toujours échoué. Non seulement les Boers ne se sont pas donné la peine de se grouper pour recevoir les charges en plein champ, mais ils ont attaqué la cavalerie anglaise en se portant au-devant d’elle à cheval jusqu’à 600 ou 500 mètres, sautant à terre et ouvrant le feu. La cavalerie anglaise a toujours été impuissante contre ce mode d’attaque.

Pour fouiller les endroits suspects, les Boers forment des groupes de 25 à 30 hommes, qui s’approchent dispersés et se cachent dès qu’ils arrivent à portée efficace du fusil. Les hommes, pied à terre, se glissent ensuite inaperçus de plusieurs côtés à la fois pour reconnaître.

La mobilité des Boers a souvent été invoquée par les Anglais pour expliquer certaines défaites. Elle a été exagérée. Depuis le commencement des opérations jusqu’au moment où la guerre de partisans est devenue un système, les Boers avaient des convois encore plus lourds que ceux des Anglais. Leurs wagons, traînés par des bœufs, contenaient parfois une partie de leur famille. Ils avaient, il est vrai, la précaution de les faire camper fort en arrière des lignes qu’ils voulaient défendre, mais, dans les retraites multipliées et les débâcles de 1900, on peut s’étonner que les Anglais n’aient pas tout pris. La cavalerie, l’infanterie