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La guerre sud-africaine contient à cet égard des enseignemens nombreux. Évidemment, les conditions où elle s’est déroulée sont trop spéciales pour permettre d’en déduire des solutions définitives. Toutefois, elle montre nettement l’insuffisance des moyens employés jusqu’à ce jour dans le combat.

Le but de ce travail ne sera donc pas d’en conclure la tactique de l’avenir, car, dans son ensemble, celle-ci dépendra plus encore de l’état moral de la nation au début de la guerre et de l’énergie individuelle du soldat, que de la puissance de l’armement. Ce dernier n’en est pas moins un facteur très important, dont il serait dangereux de ne pas avoir prévu les effets.

En analysant les conditions nouvelles du combat, il devient possible de se rendre compte de ses exigences et de donner dès lors à l’instruction des troupes une base expérimentale. Le feu des armes à tir rapide et sans fumée a forcé les Anglais à l’abandon total de leurs anciens procédés. Une tactique nouvelle, complètement différente de celle actuellement appliquée dans la plupart des armées européennes, s’est improvisée et par la suite s’est imposée. Mais au prix de quels sacrifices ?

L’armée qui saura profiter de l’expérience acquise par deux années de sanglantes leçons en évitera de semblables.

N’insistons pas davantage. Ne cherchons pas à copier, et réfléchissons sur l’évolution tactique de l’armée anglaise.

Mais, avant tout, il faut faire justice de critiques, parfois malveillantes, qui, sur le continent, ont été adressées au commandement anglais et à ses troupes.

Sans s’arrêter à l’examen des dispositions stratégiques, ce qui sortirait du cadre de cette étude, il y a lieu de remarquer qu’il est toujours aisé de trouver un côté faible à toute opération. Trop souvent d’ailleurs on oublie que la politique exerce une action parfois prépondérante et funeste sur les mouvemens des armées. Mais, dans le domaine tactique, le jugement s’établit sur des faits que chacun peut vérifier. Dès lors on est en droit d’affirmer que l’histoire de cette guerre s’écrira au grand honneur du corps d’officiers de l’armée régulière anglaise.

Dans toutes les affaires, il a prodigué son sang avec une générosité à laquelle il faut rendre hommage.

Quant aux troupes, celles qui ont fait la campagne de 1899 et de 1900 étaient excellentes. Elles ont montré un moral parfait. Il est presque partout admis et répété de confiance que les