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QUELQUES ENSEIGNEMENS
DE LA
GUERRE SUD-AFRICAINE
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La guerre sud-africaine comporte-t-elle des enseignemens dont les armées continentales peuvent tirer profit ?

Certains professeurs d’art militaire le nient, et particulièrement ceux qui, voyant dans l’histoire des campagnes napoléoniennes l’évangile de la science stratégique et même tactique, s’obstinent à vouloir appliquer avec les armes nouvelles les procédés d’autrefois. C’est ainsi que, dans la plupart des grandes manœuvres européennes, on voit encore, après une préparation par le feu plus ou moins longue, des attaques dites « décisives » exécutées par des infanteries en masses compactes, dirigées droit sur l’adversaire, au son des musiques et des tambours battant la charge. Décisives ? Certes : depuis le 18 août 1870, ces sortes d’attaques l’ont été pour les troupes qui les ont tentées. Sans exception, elles se sont terminées par de sanglans désastres.

Mais les desservans du culte impérial n’admettent pas les transformations. Ils préconisent la guerre de masses du commencement du siècle, et, soutenus par le particularisme des armes spéciales, qui tendent à chercher dans de lourds groupemens l’accroissement de leur puissance, ils méconnaissent de parti pris le principe posé par le maître : « Une armée doit changer de tactique tous les dix ans. »

Ce sentiment de résistance au progrès existe surtout dans les armées datant de plusieurs siècles. Les méthodes anciennes sont des legs sacrés que chacun se croit le devoir de transmettre intacts. La Prusse, à Iéna, en a subi les conséquences. Au début