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d’enceinte vint encore compliquer la tâche difficile que s’était tracée la ville de Paris. Il fallait alimenter 500 000 habitans de plus et desservir un périmètre englobant 7 800 hectares.

L’eau distribuée jusqu’alors dans la zone annexée était encore plus détestable que celle du vieux Paris. Puisées en Seine, les eaux que recevaient les habitans de Montmartre, des Batignolles, de La Chapelle et de La Villette n’étaient pas moins répugnantes qu’insalubres.

Belgrand, en dehors des difficultés financières et administratives, avait à compter avec la Compagnie des eaux, formée des diverses sociétés qui exploitaient Paris et la banlieue, et dont les traités n’arrivaient à expiration qu’à longue échéance. Il proposa de réunir en un seul service l’ancien et le nouveau Paris ; de réserver à l’administration municipale exclusivement la tâche d’amener les eaux de source et de les distribuer, d’emmagasiner les eaux de rivière et de les employer au service public, mais de charger la Compagnie des eaux, justement indemnisée pour la rupture de ses traités et la reprise de ses ouvrages, de placer les eaux pour le compte de la Ville, moyennant une commission calculée sur les quantités vendues.

Cette heureuse solution d’un problème qui paraissait inextricable fit l’objet d’un traité entre la ville de Paris et la Compagnie des eaux, ratifié par un décret du 2 septembre 1860, et qui expirera à la fin de 1909.

Tous ces retards avaient suscité des réclamations de la population. Pour aller au plus pressé, Belgrand modifia son plan primitif. Au lieu de dériver la Somme-Soude et ses sources secondaires, il résolut de capter d’abord la plus abondante de ces sources, la Dhuis, qui donnait au minimum 24000 mètres cubes d’eau par jour, et de compléter, par l’adjonction de sources voisines de moindre débit, le volume de 40000 mètres cubes qu’il jugeait immédiatement nécessaire pour l’alimentation en eau de source de Paris agrandi.

La dérivation de la Dhuis fut achevée en 1865. Un aqueduc de 131 kilomètres, aboutissant à un réservoir établi à Ménilmontant, d’une capacité de 100 000 mètres cubes, amena d’abord chaque jour de 22 000 à 25 000 mètres cubes d’eau limpide, fraîche et exquise, volume porté à 45 000 mètres cubes par les dérivations secondaires faites en 1878.

Dès que les Parisiens connurent l’eau de source, limpide,