Tout d’abord la ville est prisonnière le long de la Tamise, dans la zone étroite qui repose sur un sous-sol d’alluvions perméables au-dessus d’une nappe capable d’alimenter des puits. Londres, dans cette période, s’allonge sans pouvoir s’élargir, car, du côté Nord, les argiles compactes, où manque l’eau, opposent à son expansion une barrière qui reste infranchissable jusqu’à ce qu’on ait réussi, au XVIIe siècle, à amener l’eau d’une source relativement éloignée.
Dans la première partie du XVIIIe siècle, la machine à vapeur, encore dans l’enfance, mais plus puissante cependant que la machine hydraulique, rend cet obstacle moins absolu. Une première « pompe à feu » est établie à Chelsea, et Londres s’élargit partout où le sol, ne se relevant que faiblement, permet de distribuer l’eau ainsi obtenue.
En amont du coude de la Tamise, Londres a gagné, vers 1750, dans le sens perpendiculaire au fleuve, c’est-à-dire vers le N.-O., le point qui forme aujourd’hui l’angle extrême d’Hyde-Park. Mais, au Nord, où les déclivités du sol sont plus prononcées, l’extension reste faible ; la zone habitée s’arrête à peu près à la ligne d’Oxford Street et d’Holborn. C’est que ni la pompe à feu, machine encore rudimentaire, ni la canalisation d’alors, faite en bois, ne permettaient d’envoyer l’eau sur des points plus élevés ou plus éloignés.
Mais, grâce à Watt, la machine à vapeur devient réellement puissante et cela précisément au moment où les progrès de la métallurgie permettent de produire des tuyaux de fonte. Londres établit alors de véritables usines élévatoires et substitue la canalisation en fonte aux tuyaux de bois.
L’obstacle est désormais vaincu : l’eau peut être distribuée dans un secteur de plus en plus étendu et la ville prend son essor pour arriver au gigantesque développement actuel, qui semble devoir se continuer encore sans qu’on puisse lui assigner de limites prochaines.
Mais ce service de l’eau n’a pas été centralisé.
Quand le Parlement britannique, au commencement du XVIIe siècle, se saisit de la question de l’alimentation en eau de la capitale de l’Angleterre, il imagina une organisation municipale du service des eaux. Mais l’autorité communale de cette époque, la corporation de la cité de Londres, n’exploita pas le privilège qui lui fut alors légalement conféré. Elle le transféra