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sur ce point, car le comte Golucliowski, amené à s’expliquer davantage devant la délégation autrichienne, s’est exprimé comme il suit : « Les puissances composant la Triplice ont dû se demander quelle combinaison répondait le mieux à leurs intérêts, et c’est ainsi que l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie en sont arrivées à cette conclusion que la base éprouvée de la triplice devait être maintenue au profit de la paix de l’Europe, et ne devait être changée en rien. » Cette fois, aucune hésitation n’est possible ; la Triple AlUance sera renouvelée dans son texte comme dans son esprit. Elle le sera du moins par l’Allemagne et par l’Autriche-Hongrie : les déclarations du comte Goluchowski ne pouvaient pas s’étendre plus loin. Il a parlé pour lui et pour son principal allié ; mais il ne l’a pas fait, et sans doute il ne pouvait pas le faire pour d’autres. Nous n’éprouvons aucun embarras à nous expliquer ici en toute liberté et franchise. Les stipulations particulières qui unissent l’Autriche-Hongrie à l’Allemagne ne nous touchent que d’une manière indirecte, et lorsqu’on dit qu’elles ne seront pas modifiées, cela ne nous cause aucune surprise, car nous nous y attendions, et nousji’avons rien fait pour qu’il en fût autrement. Il n’en est pas de même de l’Italie. Nos rapports avec celle-ci sont devenus confians et cordiaux, de défîans et de tendus qu’ils avaient été trop longtemps. A partir de ce moment, tout le monde a cru des deux côtés des Alpes, non pas que Tltahe ne renouvellerait pas son adhésion à la Triple Alliance, mais qu’elle le ferait dans des conditions qui ne seraient plus tout à fait les mêmes qu’autrefois. Des journaux italiens, comme la Tribuna, ont été les premiers à le dire, et ils ont même ajouté qu’une conduite différente serait peu loyale à l’égard de la France. Nous savons de reste que des articles de journaux n’engagent pas d’autre responsabilité que celle de leurs rédacteurs, et que la responsabilité des rédacteurs de journaux est, au point de vue international, chose insignifiante : cependant l’opinion est quelque chose dans des pays parlementaires et libres comme le sont la France et l’Italie, surtout lorsqu’elle a été encouragée par l’attitude des gouvernemens. Il est incontestable que, si M. Prinetti tenait le même langage que le comte Goluchowski, et peut-être même s’il laissait croire par son silence que le traité d’alUance au bas duquel l’Itahe s’apprête à mettre sa signature n’a subi aucun changement, la déconvenue serait grande, et qu’il en résulterait inévitablement certaines conséquences.

Nous ne voulons ni ne pouvons entrer dans le fond des choses : ce serait courir le risque de nous égarer. Quand nous parlons du