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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 mai.


Les élections de ballottage du il mai ont complété celles du 27 avril, sans causer de surprises à personne : on savait, à un très petit nombre de noms près, quels devaient être les vainqueurs et les vaincus. Nous parlons des candidats à titre individuel ; car, s’il s’agit des partis eux-mêmes, il n’y a eu en réalité ni vaincus ni vainqueurs. Les uns et les autres ont gardé leurs positions antérieures, et la Chambre nouvelle ressemblera beaucoup à l’ancienne. Ce n’est pas un compliment que nous lui faisons ; mais il faut voir les choses comme elles sont. Le pays, n’ayant pas été atteint dans ses intérêts matériels par une politique qui jusqu’ici a troublé surtout ses intérêts moraux, est resté indifférent et inerte ; il n’a pas répondu aux appels passionnés qui lui ont été adressés. Chaque parti a fait des pertes et des gains qui se compensent numériquement, et le gouvernement a conservé sa majorité. Ses amis disent même qu’elle est augmentée, ce qui est douteux. En tout cas, le résultat est pour lui médiocre. Un ministère qui est au pouvoir depuis trois ans, qui a eu aussi longtemps entre ses mains toutes les forces administratives et en a largement usé et abusé, qui a renouvelé tous les vieux excès de la candidature officielle, et dont en fin de compte l’immense effort n’aboutit à rien, na pas le droit de se montrer bien fier.

On peut sans doute en dire autant du parti républicain libéral ; mais sa situation était beaucoup plus difficile : il avait à lutter contre tout et contre tous. Le gouvernement le combattait à outrance. À droite, on le trouvait trop avancé et trop compromis avec le passé ; à gauche, on l’accusait de réaction et de complaisance envers le nationalisme. Il était pris entre deux feux. Sa modération lui attirait de toutes parts des reproches de tiédeur : et il ne donnait en effet satis-