Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 9.djvu/456

Cette page a été validée par deux contributeurs.

REVUE MUSICALE


Théâtre de l’Opéra-Comique : Pelléas et Mélisande, drame lyrique en cinq actes et douze tableaux ; poème de M. Maurice Maeterlinck, musique de M. Claude Debussy. — M. Édouard Risler.


Pelléas et Mélisande nous parut une œuvre constamment insupportable pendant les quatre premiers actes ; fort touchante, par momens, au dernier. Et celui-ci ne comportant qu’un seul tableau sur douze, il est vrai que c’est un mélange ou plutôt une proportion assez faible, qu’un douzième seulement de beauté.

Le drame, ou le poème, ou le rêve mis en musique par M. Claude Debussy, passe pour l’un des chefs-d’œuvre du « Shakspeare belge, » ainsi qu’on appelle souvent, avec ou sans ironie, M. Maurice Maeterlinck. Il a pour sujet les tristes et mortelles amours, — mortelles à l’amant comme à l’amante, — de Mélisande, épouse de Golaud, et de Pelléas, le demi-frère de son époux.

Quand le rideau se lève, ou plutôt quand les rideaux s’écartent, comme ils font maintenant, « on découvre Mélisande au bord d’une fontaine. » Mélisande est une sorte de « princesse lointaine » qui s’est égarée dans la forêt et qui pleure. D’un bout à l’autre de la pièce, elle ne fera d’ailleurs guère autre chose. Survient Golaud, petit-fils du roi d’Allemonde. Il chassait dans les bois et s’est perdu, lui aussi. Mélisande commence par avoir peur de lui, puis se décide à le suivre. Au second tableau, « on découvre » Arkel, le vieux roi, l’aïeul des deux princes, Geneviève, leur mère, et Pelléas. Pelléas a reçu tout à l’heure une lettre de Golaud, annonçant qu’il revient avec l’inconnue, dont il a fait sa femme. Et pendant les tableaux qui suivent, nombreux et courts, tantôt sur un balcon fleuri, tantôt près d’une fontaine, toujours