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EN PETITE-RUSSIE

II[1]
LES PAYSANS. — LES VILLES.
LES PÈLERINAGES


I. — LES PAYSANS

Je ne puis espérer que mes lecteurs trouvent dans les courses en troïka perpétuellement renouvelées le plaisir exempt de monotonie que j’y ai trouvé moi-même ; cependant je les prie de me suivre une fois de plus à travers la steppe. Nous avons quitté cette société rurale de l’avenir que crée dans un village idéal une âme très haute et très vaillante. Nous allons maintenant rendre visite à l’un de ces propriétaires fonciers qui, peu curieux d’innovations, gouvernent leurs biens selon les vieilles méthodes. Eux aussi admettent et désirent le développement du pays, l’acheminement vers les libertés nécessaires.

On ne distingue pas assez à l’étranger la Russie officielle d’un noyau considérable de libéraux parmi lesquels figurent les meilleurs esprits de toute classe. Ces libéraux-là, sans faire cause commune avec les socialistes, souhaitent pour leur pays ce qui est accordé au reste de l’Europe, notamment une constitution, la constitution qu’Alexandre II fut si près de donner. Chez eux, nulle animosité contre le chef de l’État, la conviction même que l’Empereur serait dispose à de sages réformes, mais que son

  1. Voyez dans la Revue du 1er avril Œuvre de femme.