l’arène et à y courir les risques de la bataille. Pour tous, le devoir de prendre part au scrutin s’impose étroitement, car c’est aux abstentions que sont dues en grande partie la faiblesse numérique des modérés dans les Chambres, et les facilités données aux collectivistes et aux radicaux. L’abstention, marque d’abandon et d’indifférence, est un consentement tacite et résigné d’avance à tout ce que l’avenir réserve, et on peut voir par le passé le plus rapproché de nous de quelles menaces cet avenir se compose. Mais il semble bien que les abstentions seront plus rares cette fois qu’elles ne l’ont été depuis longtemps. Chacun comprend sa responsabilité et s’y montre sensible. Le ministère Waldeck-Rousseau a inquiété tant d’intérêts et blessé tant de consciences qu’il a réussi à tirer de leur inertie habituelle beaucoup de citoyens qui avaient cru y trouver jusqu’ici un refuge commode. Ils ne s’occupaient pas, disaient-ils, de politique ; la politique s’est occupée d’eux et est venue secouer leur torpeur. Il y a aujourd’hui en France beaucoup de bonne volonté, qui se traduit par un immense effort. Qu’en sortira-t-il ? Presque à la veille du scrutin, ce n’est pas le moment de prétendre en deviner le secret : nous le saurons bientôt. Mais il faut espérer que ce nouvel élan de confiance ne sera pas suivi d’une nouvelle désillusion, que tant de dévouement aura sa récompense, et que la République, acceptée de tous aujourd’hui, à de si rares exceptions près qu’elles sont en vérité négligeables, sortira fortifiée de l’épreuve qu’elle traverse. Puisse-t-elle surtout en sortir plus assurée de ses libertés fondamentales, épurée et pacifiée !