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maxillaires : ces sortes de figures s’accommodent fort bien de l’optique de la scène. Si notre comédienne couvre maladroitement sa joue d’une trop large tache de rouge, elle ne réussira qu’à reproduire l’image d’une paysanne vulgaire et des sourcils mal teints achèveront de l’enlaidir. En bonne règle, le doigt, trempé dans le rouge et faisant office de pinceau, ne doit laisser de traces que sur la partie supérieure de la joue, en donnant l’illusion, non de ce que la nature pratique le plus souvent, mais de ce qu’elle réalise de mieux. Il faut, bien entendu, ménager intelligemment les dégradations de teinte, ne pas choisir comme nuance fondamentale un blanc trop éclatant, et enfin se garder de se rougir l’oreille, ce que font à tort beaucoup de comédiennes. Personne n’ignore que les traits noirs très fins tracés parallèlement au contour de l’œil servent à l’élargir en apparence, que les sourcils doivent être redressés, agrandis et ramenés à une nuance plus sombre que la chevelure. Le noir de fumée ou la sépia mélangés au beurre de cacao semi-torréfié remplissent très bien cet office.

Une application de rouge tendre sur les parties creuses d’un visage trop maigre en grossit l’apparence. On affaiblit la rondeur exagérée d’une figure trop pleine en diminuant la dose de rouge aux pommettes et, si le rôle le permet, en couvrant les joues d’une barbe artificielle. Le rouge des joues, envahissant le nez, atténue l’aspect exagéré de cet organe ; s’il s’en écarte, il l’augmente à la vue des spectateurs. En garnissant de poils artificiels une lèvre supérieure trop forte, en faisant retomber les moustaches fausses ou vraies sur une bouche trop large, on corrige un peu ces défauts. Prolongée au-delà des coins de la bouche, la nuance fondamentale lui donne un aspect plus étroit. On rafraîchit au carmin des lèvres trop ternes et on rosit le menton. Autant que possible un jeune homme doit jouer sans perruque ; il se contente de dissimuler la peau de son crâne insuffisamment garni sous une couche de noir de fumée ou de crêpé sombre, à moins qu’il n’use d’un faux toupet. En rasant la bordure de ses cheveux et couvrant la bande rasée de fard couleur de chair l’acteur agrandit, en vue de la scène, un front jugé trop bas.

Il est passablement malaisé à un artiste peu âgé de se grimer en vieux, car pour cela il faut obéir à des règles rationnelles assez complexes. Ocre et terre de Sienne se mêlent en fortes proportions au blanc de la teinte fondamentale ; la tache rouge des