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que tel monarque, plus formidable qu’une armée ; tel mot, se décorant d’une fausse acception, appelant pouvoir ce qui est abus, ou liberté ce qui serait excès, peut semer la propagande, égarer les esprits, soulever les peuples, ébranler les trônes, rompre l’équilibre des empires, troubler le monde, et retarder de cent ans la marche de la civilisation. »

Puissions-nous voir nos hommes d’État se soustraire à l’hypnotisme des mots pour regarder les choses en face et régir notre domaine colonial, non en théoriciens, ni en politiciens, mais en administrateurs paternels : le contrat colonial est un acte familial qui doit reposer sur la bienveillance, sur la confiance et sur la patience. Le pacte de l’ancien régime traitait les colons un peu comme des coquins de neveux, le nouveau pacte doit envisager dans les colonies la pépinière des futurs oncles d’Amérique.


ÉTIENNE GROSCLAUDE.