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LUXEMBOURG
ET
LE PRINCE D'ORANGE

I
LA PREMIÈRE LUTTE


I

Dans la première semaine de juillet 1672, le duc de Luxembourg, — relevé, sur ses vives instances, de sa mission auprès de l’évêque de Munster, — ralliait, sous les murs d’Utrecht, le quartier général du Roi. L’occasion était opportune, et c’était choisir le moment avec un heureux à-propos. Cette heure est, en effet, celle où la guerre prend brusquement une face nouvelle, où l’affaire de Hollande entre dans une phase imprévue. Le premier mois de la campagne, marqué pour les armées françaises par de si foudroyans succès, avait amené des résultats qu’on avait pu croire décisifs. Des difficultés attendues, nulle ne s’était réalisée. La manœuvre hardie de Condé, poussant vivement vers la Bétuwe quand on l’attendait sur l’Yssel, avait emporté d’un seul coup toutes les défenses du Rhin ; des villes, des forteresses réputées imprenables capitulaient sans résistance ; et les Français, dit un contemporain, n’avaient « guère employé plus de temps à se rendre maîtres de toutes les places du plat pays qu’il