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former avec de l’eau une pâte suffisamment liante, ou bien ils offrent au public des liquides à base de sulfure de calcium, adouci par la glycérine. Ce qu’ils ne peuvent empêcher, par exemple, c’est la mauvaise odeur d’hydrogène sulfuré que dégagent toutes ces préparations ; si on essaie de corriger ce défaut par l’adjonction de parfums énergiques, le remède ne fait qu’accroître le mal. Seule l’essence de citron donne des résultats à peu près passables. La grande difficulté commune à toutes ces recettes est que, tandis que l’agent produit son effet, en rongeant les poils, il attaque aussi la peau ; il ne faut donc pas le laisser au contact de l’épiderme, au delà du temps strictement nécessaire pour produire l’effet voulu (une demi-heure au maximum avec le sulfure de calcium, et bien moins de temps avec l’orpiment). Lorsque le léger chatouillement qui suit l’application de la drogue fait place à une sensation douloureuse de brûlure, il est temps d’interrompre. On enlève l’eau ou la pâte, qui entraîne avec elle les poils amollis, on lave à profusion à l’eau tiède, et, s’il s’agit du visage, par exemple, on enduit la peau épilée d’un peu de matière grasse et souvent d’une légère couche de poudre de riz.

Somme toute, l’épilation par de semblables procédés doit être abandonnée aux seuls médecins ou chirurgiens. Appliquée par des mains ignorantes ou inhabiles, elle peut entraîner de graves accidens. Malheur, par exemple, aux comédiens auxquels pèse trop la nécessité de se faire continuellement la barbe et qui recourent aux pâtes épilatoires, qu’ils s’appliquent au hasard, en choisissant parmi les plus violentes ! Ils peuvent s’attirer ainsi de graves érythèmes. D’autant plus que l’effet des agens chimiques épilatoires n’est pas définitif, et qu’avec les moins énergiques, il faut recommencer au bout d’un mois. Nous n’avons pas besoin du reste d’insister sur l’inconvénient que présente pour l’organisme l’application, sur la peau, d’un rongeant à base d’arsenic.

Au temps actuel, il existe une méthode moins dangereuse et sensiblement plus efficace : nous voulons parler de l’épilation électrique. Seulement il faut procéder soigneusement, poil par poil, et, comme les séances, malgré l’insensibilisation à la cocaïne, ne peuvent pas durer trop longtemps, on n’arrive pas à supprimer chaque fois plus de 50 poils au maximum. On emploie, parait-il, un courant très faible, surtout s’il s’agit de dégarnir la lèvre