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l’aspect extérieur des organes qu’il exhibe. Trois de ces organes subissent donc l’influence des artifices de toilette : à savoir la peau, le système pileux (cils, sourcils, barbe et cheveux), et, en troisième lieu, les dents.

En bonne logique, il nous paraît indispensable de dire quelques mots de ces parties extérieures de notre corps destinées à être transformées, supprimées ou remplacées. Parlons d’abord de la peau ; normalement elle est lisse, douée d’un faible éclat gras ; sa couleur, dans la race caucasique et s’il s’agit d’un individu sain, s’écarte peu du chamois pâle, virant, tantôt au jaune rougeâtre très clair, qui caractérise le teint de l’Allemand, de l’Anglais, du Scandinave, tantôt vers la nuance bronzée, comme chez les Européens du Sud. Certaines parties, comme les joues, se peignent de couleurs un peu plus vives : il en est de même des doigts. L’action du soleil est connue de tous : elle enduit de hâle la peau, lorsque celle-ci n’est pas abritée, et son influence, continuée depuis de longues générations, différencie les habitans des climats froids de ceux de la zone chaude. Une grande dame espagnole, de race autochtone, n’aura jamais le teint blanc et rose de la plus vulgaire servante d’auberge de Stockholm. La structure de la peau est poreuse ; elle est criblée de glandes sudoripares, destinées à entretenir l’éclat et l’humidité de l’organe, glandes qui émettent une sécrétion à la fois salée et savonneuse[1], primitivement liquide, mais destinée à s’épaissir.

Pour le médecin, la peau ne laisse rien à désirer quand elle est douce, luisante, un peu humide, pâle, élastique et tendre. Mais les caprices de la mode n’exigent pas toujours des conditions identiques à elles-mêmes de là l’emploi des différens fards, destinés à perpétuer, en apparence, beauté, jeunesse, santé. Nous aurions pu ajouter que la peau comprend le derme et l’épiderme, dont le nom désigne la situation extérieure ; c’est, bien entendu, l’épiderme que l’on aménage suivant les règles de l’élégance.

Respectant toutefois, avec le creux de la main, les paupières supérieures et les lèvres, les poils tantôt fins, tantôt plus durs et plus grossiers, blond duvet ou barbe épaisse, envahissent toutes les parties du corps que l’homme ou la femme montrent

  1. On appelle savon, en chimie, la combinaison d’un alcali, potasse, soude, chaux, avec un acide gras, comme l’acide acétique, que tout le monde connaît, ou l’acide butyrique.