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des dames, des maillots que portent gymnastes, ténors, danseuses. Combinés de façon à dessiner exactement le pied, la poitrine, la jambe, suivant le cas, ils ne modifient en apparence que la couleur naturelle de la peau ; souvent même ils la contrefont avec exactitude.

Quoi qu’il en soit, aux fards, tatouages, teintures de cheveux, perruques, en un mot à tout ce qui constitue l’ars fucatrix, comme disaient les Romains, très connaisseurs dans ces matières, nous consacrerons presque toutes les pages qui vont suivre.

Jusqu’où étendrons-nous nos investigations ? Certaines pratiques dérivant des précédentes finissent par constituer non plus des, artifices de toilette, mais de simples soins de propreté ; d’autres sont passées dans la pratique journalière, ne trompent personne et n’attirent aucune attention : ainsi la frisure, ainsi l’emploi du « crêpé » dans la coiffure des femmes ; d’autres enfin, parfois impérieusement exigées par l’hygiène, masquent une difformité, comme la perruque d’un chauve, les fausses dents d’un vieillard, l’œil de verre d’un borgne. Nous n’en parlerons donc que peu ou point. Cependant, même à cet égard, les idées universellement reçues aujourd’hui, et agréées même par les casuistes les plus rigoureux, n’ont pas toujours été admises sans discussion. C’est ce que nous démontrera l’examen d’un certain nombre de textes choisis dans les œuvres des Pères de l’Église.

En somme, pour être complet, il faudrait faire œuvre d’antiquaire, d’historien, de chimiste, de parfumeur, de médecin hygiéniste, de moraliste, aborder même l’examen de procès correctionnels et discuter certains points de droit. Une telle tâche nous effraye. Contentons-nous clé glaner dans ce champ si vaste quelques détails aussi variés que possible, choisis non dans telle ou telle spécialité, mais parmi les plus curieux.


I

Quels que soient son costume, son degré de civilisation, quelle que soit enfin l’époque de l’antiquité, du moyen âge ou des temps modernes à laquelle on s’attache, en général l’homme, comme la femme, découvre, au moins sa face, souvent d’autres parties de son corps. Lorsque la nature ne l’a pas suffisamment favorisé de ses dons, ou lorsque la tyrannie de la mode l’exige, guidé par des conventions ou des préjugés, il modifie, il améliore