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peuvent se communiquer de l’une à l’autre le germe de la maladie, l’hématozoaire de Laveran. Celui-ci, qui ne peut pas accomplir toute son évolution chez l’homme, doit pouvoir l’accomplir chez le moustique. Dès lors, c’est le moustique qui est l’hôte normal du parasite ; et l’homme, au contraire, n’en est que l’hôte accidentel, occasionnel. Il peut faire défaut. Comment les choses se passent-elles alors ?

Le cycle évolutif de l’hématozoaire du paludisme, d’où l’homme serait exclu, peut se concevoir de diverses manières. La femelle, infectée, pourrait transmettre le germe de l’hématozoaire à l’œuf, et, par là, à une nouvelle génération. C’est ce qui arrive chez le ver à soie atteint de la maladie de la pébrine, qui est une affection due précisément à un sporozoaire. La même chose est vraie encore pour la tique qui communique aux bœufs la fièvre du Texas : la femelle s’infecte sur le bœuf malade et transmet, par ses poufs, le germe infectant à sa progéniture. Les choses pourraient se passer ainsi pour le moustique relativement à l’hématozoaire du paludisme.

Le moustique mâle a un appareil buccal incomplet et mal disposé pour percer les tégumens des mammifères. Il ne pique pas l’homme. La femelle est mieux armée : c’est elle exclusivement qui nous tourmente et devient l’agent des contaminations morbides. À l’origine de tous les désordres dus aux moustiques, il faut chercher la femelle. Le sang des animaux lui est un aliment nécessaire ou au moins très utile pour amener ses veufs à maturité. Quant au mâle, il vit innocemment du suc des plantes et du nectar des fleurs. La femelle elle-même se contente de ce régime quand on ne lui en fournit pas un autre, et c’est ainsi que les naturalistes, après Bancroft, conservent en captivité les moustiques qu’ils destinent à leurs expériences. Ils mettent à leur disposition des bananes ou d’autres fruits.

Rien ne prouve, jusqu’à présent, que le parasite du paludisme passe réellement, en effet, par l’œuf du moustique, d’une génération à l’autre. Ce procédé, s’il était celui de la nature, réaliserait cependant très parfaitement ses vues. La perpétuité de l’espèce serait assurée sans inutile gaspillage, puisque les femelles qui, seules, sucent le sang de l’homme, et qui sont, à l’exclusion des mâles, les hôtes de l’hématozoaire, seraient capables, à leur exclusion aussi, d’en transmettre les germes aux générations suivantes.

Mais, si la transmission ne se fait point par les œufs, elle pourrait se faire par l’alimentation. Les hématozoaires parasites de la femelle, sous la forme de ookystes ou de sporozoïtes, seraient mis en liberté quand son corps se détruit. Ils seraient avalés avec les débris de ce