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de Cuba par le major général Word, dans une circulaire du 27 avril 1902. En voici la substance

« La malaria, la fièvre jaune et la filariose étant transmises par les piqûres des moustiques, le général prescrit l’emploi des moustiquaires dans toutes les casernes et dans les hôpitaux. Il recommande la destruction des larves au moyen du pétrole versé à la surface des réservoirs et des citernes. Par là, l’eau n’est pas rendue impropre à la, boisson ou au lavage, à la condition d’être soutirée par le bas. — L’infection d’une chambre ou d’un bâtiment, signifiant qu’ils contiennent des moustiques contaminés, c’est-à-dire qui se sont nourris du sang d’un homme atteint de fièvre jaune, la désinfection devra consister à détruire ces moustiques par des fumigations d’aldéhyde formique, de soufre ou de poudre insecticide. — Les malades doivent être isolés aussitôt que le mal est reconnu, et mis à l’abri de tout contact avec les moustiques. Ce sont les cas ambulans, c’est-à-dire les malades qui ne le sont pas assez pour s’aliter, qui sont la cause principale de l’extension de la maladie. Les moustiques ne voyageant point et ne s’écartant jamais bien loin du point où ils sont nés, la présence prolongée de la malaria dans un poste indiquerait un manque de soin et de diligence de la part du chirurgien et du commandant. »


IV

Cette doctrine absolue et rigide de la propagation des trois maladies par les moustiques n’a pas, dans toutes ses parties, le caractère d’une vérité démontrée. Sans doute, l’ensemble présente une solidité expérimentale incontestable ; mais il y a quelques points de moindre résistance. On peut trouver trop rigoureuse, par exemple, l’affirmation que l’évolution des parasites spécifiques consiste, toujours et partout, dans un va-et-vient périodique de l’homme au moustique et du moustique à l’homme. En ce qui concerne le paludisme, certaines observations s’accordent mal avec cette assertion intransigeante. Comment se fait-il que, dans des pays neufs, déserts ou très peu habités, les explorateurs puissent contracter les fièvres ? Il y existe des légions de cousins, et même d’Anophèles, nous le voulons bien. Mais d’où ceux-ci ont-ils pris l’infection et comment l’ont-ils conservée, puisque la venue de l’homme y est si rare ? Si l’on admet le fait, et il paraît incontestable, que les rares voyageurs qui traversent de loin en loin ces contrées neuves y prennent la fièvre, on sera obligé d’admettre aussi que les générations innombrables de moustiques qui se succèdent