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pour les entomologistes, dans l’ordre des diptères, la famille assez homogène des Culicidés. Ce sont des insectes grêles, de petite taille, dont les larves et les nymphes vivent dans les eaux stagnantes et dont beaucoup d’espèces, à l’état adulte, se font redouter par leurs habitudes sanguinaires. Tous sont munis d’une trompe rigide, cornée, longue comme la moitié du corps, ou davantage. La plupart sont crépusculaires ou nocturnes, se tenant cachés pendant le jour dans tous les abris qu’ils peuvent trouver, ravins, fossés, grottes, haies, feuillage, granges, étables, écuries, caves, appartenions, tentures ou meubles. Les cales de navires sont très propres à leur pullulation. Leur trompe est une sorte de gaine faite de l’emboîtement de deux gouttières à l’intérieur sont logées cinq longues aiguilles extraordinairement effilées, provenant de l’allongement des pièces buccales ordinaires des insectes. La finesse de cet instrument permet au moustique de percer, sans résistance, la peau et les tégumens des êtres vivans et d’aspirer le sang et la lymphe des animaux ou les sucs des plantes. Pourquoi faut-il qu’en même temps cette trompe instille dans la plaie une infime quantité d’une salive extrêmement cuisante et, avec elle, les germes de la maladie infectieuse ? C’est là une disposition sans raison d’être et sans utilité pour le moustique, et comme une aberration d’une loi naturelle. Les animaux qui, en effet, s’attaquent aux proies vivantes versent souvent dans la blessure un venin capable d’engourdir leur victime ou de la tuer. Dans le cas présent, l’instillation du venin est purement malfaisante, sans profit.

On connaît environ deux cent cinquante espèces de Culicidés. Les naturalistes les répartissent en douze genres, dont deux sont particulièrement intéressans à notre point de vue : ce sont les cousins ordinaires ou Culex et les Anophèles. Le public les confond, mais les naturalistes les distinguent. De même, toutes les espèces d’Anophèles (on en compte vingt-huit) n’ont pas une égale importance pour notre objet : il n’y en a que sept où l’on ait trouvé l’hématozoaire du paludisme[1], au moins jusqu’à présent.

Les Culex sont beaucoup plus nombreux : on en connaît 172 espèces : le plus commun est le cousin ordinaire, C. pipiens. La plupart, au moins dans nos climats, sont considérés comme inoffensifs. Jusqu’ici, tout au moins, on n’a mis à leur compte la propagation d’aucune

  1. Ce sont : les Anophales bifurcatus, claviger, pseudopictus, superpictus qui existent en Europe et qui ont été étudiés en Italie par Grassi ; l’A. Costalis et l’A. funestus trouvés à Sierra-Leone ; et enfin l’A. Bossii qui est spécial à l’Inde et à une partie de l’Asie.