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AUTOUR
DE LA
COMÉDIE DANTESQUE[1].

Celui que la poésie universelle peut saluer comme un maître de la colère et du sourire, dell’ira maëstro e del sorriso, fait de toute l’âme humaine sa lyre, et la fougue de ses indignations n’enlève rien à la douceur de sa tendresse. Maître de la colère, du sourire et des pleurs, de la douleur, de l’espérance et de la joie, il le fut si bien que l’on serait tenté, parfois, de ne retenir qu’une seule de ces notes, et d’oublier qu’il posséda toutes les autres. À quel degré ! Profondément humain, Dante, comme tel, appartient à son époque, à sa cité ; Florentin du moyen âge, il est un homme réel, concret, vivant ; c’est pourquoi tout homme de chaque temps saura se reconnaître en lui, mieux que dans la plus générale des abstractions. La vie qui jaillit de la synthèse échappe à toute analyse. Il s’assimila complètement la culture du XIIIe siècle ; son esprit fut ouvert aux grands courans d’influence qui circulaient parmi ses contemporains, et certain de ses vers illumine encore pour nous, aujourd’hui, la voie où s’est engagée notre âme ; c’est une vérité toujours fraîche, toujours jeune, une pensée qui Forte le pressentiment de l’éternité. À travers l’art dantesque, nous atteignons donc l’ensemble de

  1. Scartazzini, Enciclopedia dantesca. Milano, Hœpli, 1896 ; Paget Toynbee, Dante Dictionary. Oxford, 1898 ; A. de Margerie, Dante, la Divine Comédie. Paris, Retaux, 1900 ; De Gubernatis, Su le orme di Dante. Rome, 1901.