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s’abstenir de faire eux-mêmes des démarches, parce qu’ils ne sont pas au courant de l’état des choses en Europe. » Comment opérer entre ceux-ci et ceux-là un rapprochement, qui paraît également indispensable, soit qu’on veuille négocier en Europe, soit qu’on aime mieux le faire en Afrique ? C’est la question que le gouvernement néerlandais s’est posée, et voici ce qu’il a suggéré pour la résoudre. Un gouvernement neutre, a-t-il dit, pourrait, s’il y était encouragé, offrir ses bons offices, « afin de rendre au moins possibles des négociations qui ne pourraient pas être entamées autrement. » Lui-même remplirait ce rôle. Sa tâche consisterait à mettre en rapport les négociateurs désignés par les deux parties, et elle se bornerait à cela. Mais il serait, avant tout, indispensable, pour les motifs énoncés ci-dessus, que les délégués boers pussent se rendre en Afrique, d’où ils reviendraient avec des pouvoirs suffisans. Si tel était l’avis du gouvernement britannique, il y aurait lieu pour le gouvernement de la reine Wilhelmine « d’adresser aux délégués boers la demande de savoir s’ils accepteraient de se rendre en Afrique du Sud pour délibérer avec les Boers de là-bas, » et, en cas de réponse affirmative, « il deviendrait nécessaire que le gouvernement de Sa Majesté britannique remit à celui des Pays-Bas trois sauf-conduits permettant aux délégués boers de se rendre librement en Afrique, d’y séjourner librement le temps convenu et de retourner librement en Europe. » Le temps de séjour convenu pourrait être de quinze jours. Après le retour des délégués, « le gouvernement de Sa Majesté la Reine pourrait les mettre en rapport avec les plénipotentiaires nommés par le gouvernement de Sa Majesté britannique à cet effet, et se chargerait volontiers de mettre à la disposition de ces messieurs les locaux nécessaires pour leurs réunions. » Cela fait, il considérerait sa tâche comme terminée.

Il y a dans cette note des parties ingénieuses. D’abord, le gouvernement néerlandais réduit son rôle au strict minimum ; il se contente de servir d’intermédiaire entre les deux parties, et de les mettre en rapport l’une avec l’autre par l’entremise de leurs délégués ; il fournit un local à ces derniers, — et c’est tout. Quelque ombrageux que soient les Anglais en cette affaire, il semble que leurs susceptibilités ne puissent pas être mises en jeu par une démarche aussi discrète. Aussi est-on un peu étonné d’entendre lord Lansdowne, dans sa réponse, parler d’intervention, et rappeler que, dès l’origine, le gouvernement anglais a déclaré qu’il n’en accepterait aucune. En vérité, ou les mots ont perdu leur sens habituel, ou il ne s’agit pas ici d’une intervention. L’employée du téléphone qui met deux personnes en