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Lansdowne était tout autre chose qu’une fin de non-recevoir absolue. Le ministre anglais indiquait en effet, et même avec quelques variantes, — ce qui permettait de choisir entre elles, — la procédure a suivre pour entrer en négociations, si on voulait le faire. Cette procédure n’était pas celle qu’avait suggérée le gouvernement néerlandais ; mais enfin c’en était une, et le gouvernement britannique se montrait disposé à la suivre, si les Boers s’y engageaient aussi. Il est vrai que, soit d’un côté, soit de l’autre, on n’avait parlé que de la manière dont les négociations pourraient être ouvertes et conduites. Quant à dire sur quoi elles porteraient, c’est ce qu’on s’était mutuellement abstenu de faire, et c’est là sans doute, quand on en viendra au fait, que sera la grosse pierre d’achoppement. On serait bientôt d’accord sur la procédure à suivre si on l’était également sur le but à atteindre. Mais les Boers ont toujours demandé leur indépendance, et les Anglais la leur ont toujours refusée. Là est toute la difficulté de la situation.

Cette difficulté, le gouvernement néerlandais ne pouvait ni l’aborder, ni même y faire allusion. A quoi s’est-il borné dans la note qu’il a remise à Londres ? Fartant de l’hypothèse que tout le monde désirait la paix, il a fait remarquer qu’il y avait dans les circonstances exceptionnelles où se trouvent les républiques sud-africaines une sorte d’empêchement matériel à l’ouverture des négociations d’où elle pourrait sortir. Voilà près de deux ans que ces républiques ont envoyé en Europe des délégués munis de pouvoirs pour traiter éventuellement de la paix. Le plus en vue n’est autre que le président Krüger lui-même : les autres sont M. le docteur Leyds et M. Fischer. Depuis lors, les événemens les plus importans se sont succédé, et la situation n’est plus ce qu’elle était lorsque les délégués boers ont reçu leur mandat : ce mandat ne les autorisait à traiter de la paix que sur la base de l’indépendance absolue des deux républiques. Quelle que soit leur opinion, — et nous ignorons ce qu’elle est, — sur les modifications qu’il conviendrait peut-être d’y apporter, ils sont liés par la lettre et par l’esprit de leurs instructions, de sorte qu’ils ne pourraient faire une concession quelconque sans s’exposer à être désavoués. « Cette situation, dit la note néerlandaise, fait naître une difficulté toute spéciale, en ce sens que les autorités qui pourraient négocier au nom des Boers sont partagées en deux groupes privés de tout moyen de délibérer ensemble. Il est évident que les délégués boers en Europe ne peuvent rien faire, parce qu’ils ne connaissent pas l’état des choses en Afrique, et que les Boers sous les armes doivent