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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 février.


La question qu’on s’est posée depuis quinze jours, et qu’on se pose encore avec anxiété, est de savoir si la guerre sud-africaine approche de son dénouement. Un moment on a cru que le terme allait en être atteint ; puis il s’est éloigné une fois de plus ; mais, à force de le désirer peut-être, on persiste à espérer que la paix ne sera pas un mirage toujours trompeur. Quoi qu’il en soit, l’attention universelle a été très excitée lorsqu’on a su que le gouvernement néerlandais avait pris auprès du gouvernement britannique une initiative dont le véritable caractère est resté, pendant quelques jours, mystérieux et obscur. C’est M. Balfour qui, dans une séance de la Chambre des Communes, a annoncé cette nouvelle inattendue. Une note avait été remise à Londres : elle était à l’étude et la réponse en serait faite sous peu. En attendant, on ne pouvait rien dire de plus.

L’initiative du gouvernement néerlandais n’a pas beaucoup étonné. M. Kuyper, qui est aujourd’hui à sa tête, est un boerophile très ardent, en quoi d’ailleurs il est d’accord avec l’opinion de la grande majorité, on peut même dire de l’unanimité de son pays. Les lecteurs de la Revue n’ont pas oublié le remarquable article qu’il y a publié peu de temps avant les élections qui devaient faire passer le pouvoir entre ses mains : il y avait là, avec un accent d’apôtre, l’affirmation d’une confiance indomptable dans le succès final d’une cause qui était colle de la justice et du droit. Une fois devenu premier ministre, M. Kuyper ne pouvait pas parler tout à fait comme il le faisait auparavant : ses paroles engageaient la politique de son gouvernement, et on lui aurait demandé à quoi bon parler lorsqu’il pouvait agir. Un gouvernement, en effet, ne doit exprimer son opinion