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place était indiquée à Notre-Dame. Il était digne d’y être le successeur de Lacordaire et de Monsabré.

Mais à ce moment ses supérieurs lui demandèrent avec insistance de faire à l’Ordre des Dominicains un nouveau sacrifice et de se consacrer au relèvement de l’école d’Arcueil. Jamais il ne s’était occupé d’enseignement. C’était une vie nouvelle, un travail nouveau pour lequel il n’était nullement préparé. Au point de vue oratoire, c’était presque un renoncement.

Il hésitait : ses chefs renouvelèrent leurs instances.

Fidèle à la parole que sa mère répétait sans cesse : « Que la volonté de Dieu soit faite ! » il accepta.

Il avait été apôtre par la parole, par le livre ; il le devint par l’enseignement.

Bientôt, grâce à son initiative et à sa puissante impulsion, l’école d’Arcueil prit une importance considérable.

Tous les ans, le jour de la fête d’Albert-le-Grand, une des gloires de l’Ordre de Saint-Dominique, il réunissait à un grand banquet, à côté des prélats éminens et des personnalités les plus élevées, les parens des élèves et quelques amis d’Arcueil. Il prenait la parole, et, dans un magnifique discours, il indiquait les progrès accomplis, il énumérait ceux qui restaient à faire. Puis, élargissant son cadre, il parlait de Dieu, de la patrie, des devoirs à remplir. C’étaient de vrais manifestes, qui avaient un grand retentissement au dehors.

Son travail était immense ; sa vie était tout entière absorbée ; sa journée n’était pas seulement la journée de huit heures ; c’était le plus souvent la journée de dix-sept heures !

Il avait à surveiller le progrès des études de tout ce monde qui vivait autour de lui : il connaissait tous ses élèves, se préoccupait à la fois de leur hygiène physique et de leur hygiène morale. Aucun détail ne lui était indifférent. Et, tout en ne négligeant pas les questions secondaires, il voyait toujours de haut. Sa mission n’était-elle pas de créer pour la France, comme il le disait si bien, des hommes d’action ?

Il a bien mérité de l’Église et de la Patrie.


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