Je suis toujours emporté par le tourbillon de ma vie de maître d’école. Où sont les bonnes heures libres d’antan ? Je vous serre les mains de tout cœur.
P. S. — Je vous ai écrit avec la grosse écriture que je réservais pour les yeux de ma mère.
Arcueil, 7 septembre 18%.
Mon cher ami,
J’ai été bien ému de la lettre si amicale que vous m’avez écrite il y a quelques jours. Oui, mon cher ami, je suis et je reste l’ami fidèle, malgré la séparation que nos vies si différentes nous imposent. S’il m’était possible de disposer de quarante-huit heures, avec quel empressement je répondrais à votre appel ! Mais les préoccupations du transfert de l’école Lacordaire, et l’ouverture prochaine de l’externat Saint-Dominique, m’enchaînent ici. Je dois faire face à tout, aux exigences financières, au recrutement du personnel, à l’aménagement des constructions nouvelles.
Cependant, si, vers la fin de septembre et avant la rentrée, j’ai un jour libre, je vous le donnerai.
J’ai été flatté de votre suffrage pour mon discours ! Vous êtes un juge sévère, mais d’une perspicacité admirable.
Adieu, cher ami, dites à votre femme combien je suis reconnaissant de la part que vous voulez bien prendre à mon œuvre ; encouragez Marie à son grand art, et puis j’essaierai de lui donner ma tête ! Pour vous, mon vieil ami, je vous tends la main, et je vous embrasse, en vous souhaitant ma foi.
A vous.
La dernière phase de la vie du P. Didon a été remplie par l’enseignement.
Dans sa vie de solitude et de travail, le talent du P. Didon avait grandi et s’était dépouillé de ces ardeurs de langage qui jadis avaient donné prise à la critique.
A son retour de Corbara, la liberté de prédication lui avait été rendue, rien ne l’empêchait de se faire entendre à l’occasion de grandes solennités religieuses. Il refusa. Il était encore guidé par un sentiment de réserve que tout le monde appréciait. Il voulait montrer qu’il n’était pas le moine affamé de publicité. Mais, quand il revint d’Allemagne, on le sollicita de nouveau de prêcher. Il accepta alors, quoique rarement ; et toujours il parla avec une incomparable éloquence. Sa