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Ce sera un lien de plus entre nous et le meilleur, le seul indestructible.

Adieu, mon cher Étienne, je vous embrasse de tout mon cœur.


Arcueil, 25 septembre 1891.

Mon cher ami,

J’arrive de Lyon. J’ai trouvé, à mon retour, votre lettre, qui m’a vivement ému. Je suis allé aussitôt faire une visite à votre pauvre ami. Il m’a reçu avec émotion et avec joie. Son âme est toujours pleine de foi, d’énergie et de douceur chrétiennes. Mais ses forces physiques défaillent, et il a le sentiment de sa fin prochaine. Rien ne trouble sa sérénité et sa paix. Il m’a demandé de revenir près de lui et je le lui ai promis. Quelle grande leçon, mon très cher ami, on reçoit près d’une âme comme la sienne !

Ses filles et ses gendres ne le quittent pas, et le cher malade m’a fait l’éloge de tous les siens.

Je vous remercie de m’avoir prévenu de l’état désespéré de votre ami ; j’eusse été désolé de ne point l’avoir visité en cette heure suprême où j’ai pu lui redire combien j’admirais son courage, sa douceur dans le support de ses douleurs cruelles, et sa foi intrépide.

Ma vie est emportée par les mille occupations de ma charge, et il ne faut pas m’en vouloir si je suis condamné à vous voir trop rarement. Reposez-vous et soignez-vous bien ; à votre retour, faites-moi signe, afin que nous puissions nous rencontrer, soit à Arcueil, soit à Paris, soit chez vous, soit chez moi.

Rappelez-moi au souvenir de votre femme, dites à Marie que je forme des vœux ardens pour son avenir, et vous, mon ami, laissez-moi vous redire toute ma profonde et inaltérable amitié.

À vous du fond du cœur.


École Lacordaire, 269, rue Saint-Jacques, Paris, 3 février 1893.

Mon cher ami,

Je songe en effet très sérieusement à fonder un externat, mais la chose est loin d’être accomplie. Si elle se fait, soyez sûr que je n’oublierai point voire protégé, à qui jusqu’à présent, malgré ma bonne volonté, je n’ai pu être utile.

Je suis heureux d’apprendre que votre santé est tout à fait-remise.