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brave puritain me rendrait service en m’en trouvant quelque part un exemplaire, s’il était épuisé.

Pardon, cher ami, de la peine. Mais vous serez heureux, je le sais, de mètre utile, comme je le serais moi-même, s’il m’était donné de vous servir.

J’ai travaillé péniblement tout ce mois à un chapitre nouveau de mon livre. Ceux qui le liront un jour, — quelques-uns du moins, — ne se douteront pas des mille sacrifices, de tout le labeur qu’il m’aura coûté.

Adieu, mon ami, je suis heureux que votre cher petit monde soit en bonne santé. Je prie Dieu pour vous tous. Je demande au Christ qu’il vous fasse partager ma foi, mes espérances divines et ma sérénité. Cordialement à vous.


Flavigny-sur-Ozerain, 24 juillet 1888.

Mon cher ami.

J’ai été heureux de recevoir de vos bonnes nouvelles. Elles me manquaient et je les attendais d’un cœur impatient. La vie de Paris est dévorante. Ses mille riens et ses grandes exigences prennent tout : les pauvres amis solitaires ont peine à trouver la goutte d’eau et la rosée dont ils vivent. Merci, cher ami, de vos livres et de la Revue. Tout m’est arrivé suivant vos ordres et mes désirs. Je vous suis très reconnaissant.

Mon travail est en bon train, toujours, et il avance sans trêve. La mine se creuse peu à peu et je commence, par instant, à sentir les approches du terme de mon travail.

Il me faudra encore huit à dix mois d’un labeur ininterrompu, acharné. J’ai commencé ce matin le XVIIIe chapitre ; j’y traite de la prédication populaire de Jésus et des paraboles dans lesquelles il aimait à parler aux foules de son œuvre et du Royaume de Dieu. L’Evangile est un drame d’un intérêt poignant ; je voudrais réussir à le rendre comme je le sens, ou plutôt comme il est. Le sentiment d’un homme est petit devant cette œuvre qui a rempli la terre, bouleversé et transformé les consciences, et ouvert le monde divin à la pauvre humanité.

Je ne pense pas revenir à Paris avant le mois de novembre. J’utilise cette saison chaude, qui m’inspire mieux que l’hiver, pour donner un vigoureux coup de collier.

Vous partez donc pour l’Angleterre, cher ami ; cela veut dire