Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 7.djvu/878

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

songent à l’Italie après l’Espagne. Seulement l’Italie est bien chaude en septembre, et ce serait sage de vous reposer tous dans quelque coin des Alpes avant d’aller voir les chefs-d’œuvre de Florence, de Rome et de Naples.

Comme j’aimerais à vous revoir tous ! Et comme une soirée de famille, tout intime, me reposerait délicieusement près de vous !

Adieu, cher ami, je veux que vous disiez aux vôtres ma tendre affection ; pour vous, je vous embrasse cordialement.


Flavigny-sur-Ozerain, 10 août 1887.

Mon ami,

Je suis désolé. L’évêque de Dijon, qui arrive à Flavigny, m’emmène pour trois jours, jusqu’à dimanche ou lundi. Je ne puis me dégager de son étreinte épiscopale, et il faut que je renonce à ce que mon cœur avait rêvé. Dites-moi : à votre retour, ne pourrez-vous pas me donner, — non pas une journée rapide, — mais de bons jours, comme ceux de Corbara ?

Je ne me consolerais pas d’avoir manqué cette visite sur laquelle j’avais si doucement compté.

Merci, mon cher ami, de la Revue, que j’ai reçue exactement.

Mon travail marche toujours très bien. J’ai écrit près de deux cents pages, et, si je mets à mille le nombre de celles qu’il me faudra écrire, vous voyez que j’ai fait le cinquième de ma tâche. À mesure que j’avance dans mon œuvre, je me sens plein de confiance : les difficultés vaincues m’encouragent à vaincre celles qui me restent encore.

Ne manquez pas, cher ami, de me dire et de m’assurer que votre visite est seulement retardée, et que vous vous arrêterez dans ma solitude au retour de votre grand voyage.

Je vous renouvelle toute ma tendre et profonde amitié, et je veux que vous emportiez pour les Nôtres mes affectueux souvenirs.


21 septembre 1887.

Mon cher ami,

J’ai vivement regretté que notre réunion à Flavigny n’ait pu avoir-lieu. Tout s’est mis au travers. La vie est pleine de ces fatalités-là : ce qu’on désire le plus, ce qu’on rêve, vous échappe, alors qu’on croit le tenir et qu’on a tout fuit pour l’avoir.