Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 7.djvu/862

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dormir avec eux, mais pour y mêler, comme à Corbara, nos sentimens profonds.

Tout vôtre.


Vichy, 8 août 1885.

Mon cher ami,

J’ai rencontré l’autre jour, par le plus grand hasard, notre ami P… Nous avons naturellement causé des amis communs, et votre nom est venu le premier. Il m’a raconté l’incident qui vous a peiné, et j’en ai éprouvé de la tristesse. J’aurais voulu être près de vous afin de vous serrer la main plus cordialement cl vous aider à oublier cette misère.

Mais je sais que vous avez le cœur aussi grand que sensible, et je suis sûr que vous savez vous placer au-dessus de l’inconstance et de la fragilité humaines.

Cependant, cher ami, si au lieu d’être un stoïcien, vous aviez l’âme d’un croyant, il vous eût été plus facile de dédaigner et d’oublier. J’en sais quelque chose, moi qui, depuis des années, ai à subir mille défiances et mille intrigues.

Enfin, les amis sont une force presque divine dans les heures tristes, et j’aime à penser que mon petit mot vous sera doux.

Je suis à Vichy depuis huit jours. J’éprouve le plus grand bien des deux semaines de solitude que j’ai passées à Flavigny et de mon traitement thermal.

Quel dommage que nous ne puissions nous revoir avant si longtemps ! Je ne rentrerai à Paris qu’à la fin d’août, vers le 25 ou le 26.

Dès mon arrivée, j’irai frapper à votre porte ou je vous enverrai un télégramme.

Rappelez-moi au souvenir affectueux de tous les vôtres, et croyez-moi toujours votre ami le plus cordial, le plus tendrement dévoué.


Paris, 22 septembre 1884.

Mon cher ami,

Je suis rentré à Paris depuis une quinzaine de jours. En quittant Vichy, j’ai fait une halte en Bourgogne chez un vieil ami, puis, j’ai poussé une pointe en Normandie, dans l’Eure, où j’ai évangélisé de petits enfans qui faisaient leur première