Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 7.djvu/860

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Exprimez toute ma condoléance la plus affectueuse à votre femme et dites-lui que je prierai avec toute ma foi pour celui que vous venez de perdre.

Je suis convaincu que votre femme sera courageuse et résignée dans sa douleur et qu’elle acceptera avec une volonté douce le grand coup de Dieu. Hélas ! mon pauvre ami, j’ai vu mourir tous les miens, les uns après les autres, et j’ai le cœur tout meurtri des blessures que la mort m’a faites sans merci. J’ai trouvé dans ma foi l’espérance de revoir en Dieu ceux qui m’ont quitté et, en songeant à toutes les douleurs qui sommeillent en moi, sans jamais disparaître, je puis dire à mes amis ce qui console et ce qui sauve.

Je suis touché de ce que vous me dites de vos chères petites filles ; je ne m’étonne point qu’elles aient su trouver dans leur tendresse de quoi adoucir l’amertume du chagrin de leur mère.

Adieu, mon ami, je viens de quitter la Palestine, je suis à bord du bateau qui m’emmène à Smyrne et qui m’a déposé un instant à Beyrouth, où il s’arrête une demi-journée.

Nous nous verrons dans les premiers jours de juin, mais croyez bien que, de loin, je vous reste très uni et que je partage en ami vrai toutes vos douleurs, toutes vos épreuves, comme vos joies. Je vous embrasse et je prie pour vous tous, en vous souhaitant d’être courageux et de trouver dans la foi de Dieu la force, la paix, que rien autre ne peut donner.


Le P. Didon est de retour en août 1883.

Paris. 28 août 1883.

Quel dommage, cher ami ! Vous êtes parti à l’heure même où j’arrivais. Un jour plus tôt, nous eussions pu nous revoir. Vous avez quitté Paris samedi soir, je suis rentré samedi à minuit.

J’ai été très satisfait de mon traitement de Vichy. Ces eaux sont merveilleuses et je crois bien que j’ai trouvé en elles mon élixir de longue vie. Reposez-vous bien, vous, après les mois laborieux que vous venez de passer. Il me serait très doux de respirer avec vous l’air des côtes bretonnes, et de revoir notre cher Saint-Enogat. Hélas ! mes vacances sont finies quand les vôtres commencent, et j’ai repris, sans perdre un jour, mes études.