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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 janvier.


Nous avons signalé, dans notre dernière chronique, le discours que M. Waldeck-Rousseau venait de prononcer à Saint-Étienne, en promettant d’y revenir plus tard. Et nous y revenons en effet. Mais ce discours n’est pas de ceux qui résistent à un recul de quinze jours, et il parait déjà bien loin dans le passé. On s’était attendu à un acte politique important ; on s’était trompé. L’ambition de M. Waldeck-Rousseau n’a pas eu, pour cette fois, d’autre objet que de donner aux députés de sa majorité l’esquisse du discours qu’ils pourront prononcer eux-mêmes devant leurs électeurs. Il a démontré que tout était bien ; que nos finances étaient prospères ; que jamais la France n’avait été plus forte, ni plus respectée au dehors ; que la législature écoulée avait été féconde en œuvres importantes, et qu’aucune autre dans le passé ne l’avait été davantage. Et puis, on avait sauvé la République ! Mais tout cela a paru bien rétrospectif, et c’est surtout de l’avenir que l’opinion se préoccupe en ce moment. Quel sera-t-il ? Quelles sont les réformes nouvelles que les candidats de demain peuvent promettre de réaliser ? Là-dessus, M. Waldeck-Rousseau est resté muet. Il a donné l’impression d’un homme qui, ayant fini sa tâche, n’en aperçoit pas devant lui une nouvelle à entreprendre. Il a très vivement, quelquefois même très violemment, attaqué ses adversaires, qu’il a affecté de confondre tous avec les nationalistes. Il a répété qu’il n’avait accepté le pouvoir que parce que personne n’en voulait, et qu’il y avait appelé les socialistes parce que les modérés lui avaient refusé leur concours. On sait aujourd’hui à quoi s’en tenir sur la valeur de ces assertions : n’importe, elles sont toujours bonnes à répéter. Le malheur est que tout cela est vieux et ne nous apprend rien. Aussi, au bout de