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jouissent des bénéfices de la personnalité civile depuis 1895[1]. De ce côté, il est permis d’espérer : quand on saura mieux que les musées peuvent recevoir, hériter, défendre leurs droits en justice, il est probable que leur budget s’augmentera des libéralités de leurs amis.

Mais en attendant ?

Les bases du problème étant connues, acceptons donc résolument l’unique solution possible, dans les circonstances actuelles. Cette solution est, à notre avis, dans un droit fixe d’entrée perçu à certains jours à la porte des Musées nationaux[2].

L’idée n’est point nouvelle, et les Français qui voyagent à l’étranger savent qu’elle est mise un peu partout en pratique. Dans quelles conditions exactement ? C’est ce que nous nous proposons d’examiner en détail.

En France, les trop maigres ressources des Musées nationaux ont tout naturellement amené à diverses reprises les pouvoirs publics et l’initiative parlementaire à se demander si le salut n’était pas dans le droit d’entrée. Deux fuis, depuis six ans, en 1895 et en 1897, un débat s’est élevé devant la Commission du budget, puis devant la Chambre des députés, sans amener le résultat sur lequel comptaient l’Administration des Beaux-Arts et les amis de nos Musées nationaux.

En 1895, chargé de rédiger le rapport sur la personnalité civile des musées, M. G. Trouillot, député, rappela que M. Denêcheau avait proposé à la Commission du budget un droit d’entrée fixe à établir dans les musées. Voici les termes mêmes du rapport :

« La Commission a été saisie, en outre, par un amendement de M. Denêcheau, de la question des droits d’entrée à établir dans les musées. M. Denêcheau demande que le règlement d’administration publique, prévu par l’article Hi, détermine, en même temps que les détails d’application de la loi, les jours pendant lesquels un droit

  1. Legs faits aux musées nationaux :
    Mme Sevène 5 253 francs de rentes.
    M. Bareiller 8 404 —
    M. Poirson 2 348 —
    Total 16 005 francs de rentes annuelles.
  2. Une enquête sur le nombre des entrées pendant le mois de novembre 1892 an Musée du Louvre a révélé les chiffres suivans :
    Moyenne des dimanches 7 153
    Moyenne des jours de semaine 2 342
    Moyenne des 30 jours du mois 3 144
    Entrées du mois de novembre 94 326
    Dont 35 763 les dimanches.
    <tn estime que, depuis cette époque, — soit dix ans, — le chiffre des entrées au Musée du Louvre a augmenté d’un tiers.