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3 500 pieds au-dessus du niveau de la mer ; ma résidence se trouve sur des collines qui dominent encore la plaine, d’une hauteur de 500 pieds. Il y a dix ans, en 1888, cette contrée passait pour être complètement indemne ; aujourd’hui, le paludisme y est extrêmement répandu. La région est sablonneuse ; le roc est à peine recouvert d’un peu de terre, quand il n’est pas à nu. » De même, dans le sud de l’Italie et en Sardaigne, la malaria, au lieu de rester confinée aux lagunes et aux vallées, s’élève sur les collines et les plateaux. Sous le bénéfice de ces réserves, il est permis de dire que les contrées marécageuses fournissent les conditions les plus favorables au développement de la maladie. Elle règne surtout le long des côtes et sur les rives des fleuves.

Si l’on étudie la répartition de l’endémie palustre à la surface du globe, on constate qu’elle y est distribuée en foyers distincts. L’étendue de ces foyers est très variable ; dans les pays chauds, elle peut être immense. Elle se dilate, d’ailleurs, ou se restreint suivant des circonstances créées par la nature ou par l’intervention de l’homme. Nous avons dit que le paludisme aimait les habitations mal tenues ou ruinées ; il n’aime pas moins les cultures abandonnées et les pays dévastés par la guerre. Au siècle d’Auguste, la Campagne romaine était riche et peuplée ; les guerres et les invasions ont ruiné les travaux d’art, éventre les digues et les aqueducs, coupé les arbres dont les racines drainaient le sol ; elles ont fait, des alentours de Rome, une immense prairie où paît un nombreux bétail, mais interdite à l’homme, qui ne peut impunément l’occuper ni la cultiver.

Les exemples abondent de cette marche envahissante de l’endémie palustre dans les circonstances et dans les temps de ruine et de misère, — et, au contraire, de son recul constant, devant les progrès de la civilisation et de la richesse, qui entraînent ceux de l’hygiène publique.

Les fièvres palustres étaient fréquentes, à Londres, au XVIIe siècle, au temps de Willis et de Sydenham : elles étaient très graves et très répandues en Hollande : elles n’étaient pas rares à Paris. Elles ont disparu à peu près complètement.

La Sologne, plaine onduleuse à sol argileux imperméable, s’étendant entre la Loire et le Cher, avait été salubre et prospère pendant longtemps. Elle fut ruinée par les guerres de religion au XVIe et au XVIIe siècle. La culture fut abandonnée. Le pays se couvrit d’étangs. Il y a cent ans, on en comptait 12 000, sur