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latent, qu’ils y sommeillent, pour ainsi dire, pendant un temps indéfini, pour se réveiller plus tard et poursuivre leur évolution avec toutes les conséquences qu’elle entraîne. — Mais ce n’est pas le cas ordinaire : en règle générale, l’évolution se poursuit sans retard. Le parasite se ramasse, en une petite masse sphérique, d’environ 3 millièmes de millimètre de diamètre, qui se comporte comme une amibe, se déformant, poussant des prolongemens. Cet organisme grandit ; et, quand il a atteint toute sa taille, il perd sa mobilité et se charge de pigment noirâtre provenant de la digestion de l’hémoglobine ou matière rouge de son hôte globulaire. Cette évolution a duré soixante-douze heures.

À ce moment, qui marque pour lui le summum du développement, l’hématozoaire (corps sphérique de Laveran) se segmente ; il se partage en un certain nombre de tranches, dix, par exemple. Ce melon minuscule offre, en projection, la forme d’une rosace ou d’une marguerite. Chaque tranche se contracte, se sépare des autres et forme un nouvel organisme indépendant, qui va servir à la dissémination de l’espèce. On lui donne des noms divers : mérozoïte, schizonte ; — et l’opération de la division, elle-même, est appelée schizogonie. Mais, il n’importe. Le globule qui servait d’hôte, et qui est réduit à une simple coque, éclate ; les dix organismes nouveaux, les dix mérozoïtes, spores mises en liberté, se répandent dans le sang. Chacun, incapable de subsister dans le liquide sanguin, s’empresse de s’attacher à un globule rouge, comme le sporozoïte même dont il est issu, — et le même cycle recommence. Il y a donc une nouvelle multiplication toutes les soixante-douze heures. C’est le groupe tout entier qui évolue simultanément et qui, tous les trois jours, décuple de nombre brusquement, par une pullulation rapide. Un accès fébrile répond à chacune de ces poussées reproductrices ; d’où le type de la fièvre quarte régulière. — Si, le lendemain ou le surlendemain de la première piqûre, l’homme est piqué à nouveau par un autre anophèle infecté, il y aura un deuxième groupe d’hématozoaire qui évoluera à un jour d’intervalle du premier. La fièvre aura le type double quarte : il y aura deux jours de fièvre, séparés par un jour sans fièvre. Une troisième piqûre et un troisième groupe donneront naissance au type de la triple quarte ou quotidienne.

Si le parasite appartient au type ou à la variété Plasmodium vivax, il produira de même le type de la fièvre tierce ou double