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sang des fébricitans quatre sortes d’organismes parasites : des corps sphériques, des corps flagellés, des corps en croissant, des corps en rosace. Ces formes restaient énigmatiques ; de plus, elles étaient, avant qu’une technique convenable eût été créée, difficiles à voir. On conçoit donc que leur description ait été accueillie avec défiance. Des contradicteurs voulurent identifier ces figures à celles, très diverses, que prennent les globules eux-mêmes lorsqu’ils sont exposés à diverses altérations. M. Laveran, avec l’assurance que donnent des observations bien faites, maintint ses descriptions. Il réfuta successivement les objections élevées contre leur réalité, et finit par convaincre ses premiers adversaires eux-mêmes, Marchiafava, Celli, et les partisans de la doctrine bactérienne.

Le parasite du paladisme appartient donc bien, sans conteste, au monde animal : ce n’est pas un organisme ambigu, placé à la limite des deux règnes, et plus près des végétaux, ainsi que les microbes bactériens. Il a ramené l’attention des médecins et des vétérinaires sur ce groupe des sporozoaires dont la connaissance semble promettre des lumières nouvelles à la pathologie humaine et comparée.


IV

L’attaque de paludisme commence avec le cycle évolutif de l’hématozoaire, au moment où l’homme est piqué par une espèce de moustique, commune dans nos pays, l’Anophèles, que le vulgaire ne distingue pas des cousins ordinaires ou culex. Si l’anophèle est indemne, la piqûre reste sans conséquence, ou du moins sans autre conséquence que la cuisson et l’enflure bien connues. Mais, si le moustique est infecté par l’hématozoaire, il coule dans la blessure, avec sa salive empoisonnée, quelque exemplaire du parasite.

À ce moment de son inoculation, celui-ci est à l’état de petite cellule allongée, en forme de navette, flexible (sporozoïte). Nous supposerons qu’il s’agisse ici de celle des trois variétés ou espèces d’hématozoaires qui est appelée Plasmodium malariæ et qui est l’agent infectieux de la fièvre quarte. Les sporozoïtes, introduits dans une petite veine de la peau, se dispersent dans le sang, se fixent aux globules rouges, les transpercent et s’établissent à leur intérieur. Il peut arriver qu’ils y restent à l’état