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bien connu pour ses belles recherches d’anatomie microscopique, M. Golgi. Il comprit, dès les premiers momens où la nature animale de l’agent morbide fut mise hors de doute, c’est-à-dire vers 1885, que ces redoublemens réguliers des symptômes, dans la fièvre intermittente, étaient liés à la périodicité de la pullulation du parasite. L’expérience a montré la justesse de cette vue. La propagation de l’hématozoaire dans le sang se fait par poussées successives qui correspondent aux poussées fébriles.

Sans rien connaître des caractères particuliers de l’hématozoaire du paludisme, le seul fait qu’il vit uniquement et exclusivement dans le sang et qu’il s’y multiplie, rend possible et vraisemblable la communication de la maladie de l’homme à l’homme, par transfusion. L’épreuve a été faite. Si l’on transfuse à un sujet sain le sang d’un paludique, on lui communique du même coup la fièvre intermittente. Mais il faut, pour cela, introduire une quantité de sang assez considérable. Les oiseaux se prêtent plus convenablement à une expérience de ce genre. Le résultat en a été le même. L’hématozoaire, introduit dans les veines de cette manière insolite, ne s’y multiplie que si la quantité de sang introduite est suffisante. Il ne s’inocule point par simple piqûre, comme il arrive quelquefois pour les maladies bactériennes, — bien que, même pour celles-ci, le succès de l’inoculation tienne le plus souvent à la quantité injectée.

Il résulte de là une conséquence dont on verra tout à l’heure l’application. S’il ne suffit pas, en effet, au médecin ou à l’expérimentateur, de piquer un sujet sain avec une aiguille trempée dans le sang d’un paludique pour inoculer au premier la maladie du second, la chose ne sera pas plus facile à un moustique. Ce n’est point pour avoir piqué successivement un fébricitant et un homme indemne, c’est-à-dire transporté une très minime quantité de sang parasite du premier individu au second, que l’insecte pourra contaminer ce dernier. Le moustique est bien l’agent de l’inoculation ; mais il n’est pas un simple agent de transport : il ne rend pas l’hématozoaire dans l’état même où il l’a emprunté. Il lui fait subir une sorte d’élaboration qui, pour ainsi parler, en augmente la virulence et le rend capable de contaminer un organisme sain, même lorsqu’il est employé à petite dose. C’est ce que l’on verra dans un instant.

L’inoculation du sang paludique, même lorsqu’elle a été pratiquée à forte dose, de l’homme au bœuf ou au cheval, n’a jamais