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Laveran. Ces animalcules, formés d’une cellule unique, appartiennent si la classe des sporozoaires, à la sous-classe des coccidies. On en admet trois espèces ou variétés.

Il est fâcheux que les naturalistes, qui s’entendent parfaitement aujourd’hui sur la nature et l’évolution de ces microzoaires, ne s’accordent pas mieux sur leurs noms. Celui auquel est due la fièvre quarte est le Plasmodium malariæ, ainsi baptisé par M. Laveran en 1881 : dix ans plus tard, en 1891, MM. Grassi et Feietti, dans leur classification des parasites du sang, l’ont appelé Hæmamœba. Le parasite de la fièvre tierce est le Plasmodium vivax ou Hæmamœba vivax, que quelques auteurs cependant se refusent à distinguer du précédent. Enfin, l’agent pathogène des fièvres irrégulières ou estivo-automnales est le Laverania malariæ[1]. C’est cette origine parasitaire qui fournit, sans incertitude, la véritable définition de la maladie. Le paludisme est l’affection causée par la pénétration et le développement dans le sang de l’homme de l’une ou l’autre des trois espèces ou variétés précédentes.

L’homme est-il seul à posséder ce fâcheux privilège ? Nullement. Un grand nombre d’animaux, parmi les vertébrés, sont soumis à la même misère. Comme il y a un paludisme pour l’homme, il y en a un aussi pour les oiseaux, les reptiles et les batraciens. En particulier, les oiseaux qui vivent dans les terrains marécageux prennent parfaitement « les fièvres. » Leur sang héberge des parasites, des hématozoaires. Ce ne sont pas absolument les mêmes que ceux de l’homme ; mais ils en diffèrent fort peu : leurs formes, leur évolution, toutes les particularités de leur histoire naturelle sont très analogues. Elles le sont au point que leur étude a servi à éclairer l’histoire de l’hématozoaire de l’homme, et à en combler les lacunes. Plusieurs des traits attribués au parasite humain n’ont pu être observés directement sur lui : ils ont été inférés de ce que l’on sait du parasite aviaire. Il en a été ainsi, en particulier, pour la très importante question du rôle des moustiques. Les célèbres expériences de Ronald Ross, qui ont établi l’intervention de ces insectes dans la propagation du paludisme, ont été exécutées en 1898 et 1899 sur les moineaux de Calcutta, victimes, comme

  1. M. Laveran (Rapport au XIIIe Congrès international de Médecine, 1900) n’admet qu’une seule espèce, l’Hæmamœba malariæ, présentant deux variétés : parva, magna.