Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 7.djvu/682

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
QUESTIONS SCIENTIFIQUES

L'HÉMATOZOAIRE DU PALUDISME


I

Ce que le vulgaire appelle « les Fièvres, » ou encore, en précisant davantage « les Fièvres des marais, » les médecins l’appellent « le Paludisme. » Le mot évoque, dans les souvenirs de chacun, le spectacle d’un malheureux en proie au frisson qui secoue ses membres et fait claquer ses dents, tandis qu’au tableau suivant, le feu de la fièvre brûlera son corps et, à la fin de la crise, l’inondera d’une abondante sueur. Cette scène, — et c’est là l’un de ses caractères les plus remarquables, — se reproduit périodiquement, avec une régularité surprenante, à la même heure tous les jours, ou tous les deux jours, ou tous les trois jours (fièvre quotidienne, tierce, quarte). Mais c’est là une image simplifiée et trop nette. En réalité, une telle fièvre, franchement intermittente, rigoureusement périodique, entrecoupée de rémissions presque complètes, ne représente que l’une des formes sous lesquelles se manifeste la maladie. Il y en a bien d’autres, que connaît le médecin expérimenté. Les accès, en effet, peuvent être réguliers : la fièvre peut être « continue ; » elle peut être « rémittente ; » elle peut être « larvée ; » elle est quelquefois mortelle dès le premier ou le second accès (fièvre pernicieuse).

Le mot de paludisme enferme toutes ces variétés : il affirme