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L’ÉVOLUTION DU TRAVAIL
DANS
LA GRÈCE ANCIENNE :

Je voudrais reprendre ici avec quelques développemens une idée que j’ai seulement indiquée dans deux ouvrages antérieurs[1], et montrer le rapport qui existait en Grèce entre le régime du travail et les institutions publiques. Il semble, à première vue, que ce soient là deux ordres de faits bien distincts. La présente étude aura pour objet de mettre en lumière la connexité qui les unissait dans le monde hellénique. Elle conduira, j’espère, à cette conclusion, que le régime du travail y subit à toutes les époques le contre-coup des changemens qui s’opéraient dans les conditions de la vie politique. Cette loi n’est pas vraie uniquement de la Grèce ; elle s’applique aussi à d’autres sociétés, et il serait facile d’en vérifier l’exactitude dans notre propre histoire[2]. Je n’insisterai pas sur ces comparaisons ; il me suffira d’en suggérer la pensée au lecteur. On discernera peut-être, au-dessous des apparences, certaines similitudes qui tiennent d’abord à ce qu’il y a de permanent dans la nature humaine, et qui dérivent aussi des affinités particulières que nous pouvons avoir avec un peuple dont la civilisation se rapproche à bien des égards de la nôtre.

  1. Voyez la Propriété foncière en Grèce jusqu’à la conquête romaine (1893) et la Main-d’œuvre industrielle dans l’ancienne Grèce (1900).
  2. Voyez dans la Revue des 15 mars, 1er août et 1er novembre 1901, les études de M. Charles Benoist sur le Travail, le Nombre et l’État.