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à Dantzig. Pendant ce temps, les charbons de Westphalie continuaient à aller par le Rhin vers les ports étrangers de la Mer du Nord, 607 000 tonnes allaient vers la Hollande et 370 000 tonnes vers la Belgique ; l’importation des charbons anglais par Hambourg passait de 2 à 3 millions de tonnes dans les deux années 1899 et 1900. Quant aux recettes de l’Etat, elles sont d’autant plus faibles que le péage a été réduit à un taux insignifiant sur les instances des intéressés, de sorte que, loin de rémunérer le capital d’établissement, le canal ne couvre même pas ses frais d’entretien.

Quoi qu’il en soit, ce premier résultat ne constituait qu’une satisfaction insuffisante pour les promoteurs du mouvement en faveur des canaux. Ils poursuivirent leur campagne, qui aboutit, le 14 mars 1899, au dépôt par le gouvernement prussien d’un projet de voies navigables destinées à relier les grands fleuves du Rhin, de l’Elbe et de la Weser. Ce projet comprenait la construction de 553 kilomètres de canaux, l’amélioration du canal de Dortmund à l’Ems sur 102 kilomètres empruntés comme raccordement, et la canalisation de la Weser sur 61 kilomètres. La dépense totale était estimée à 380 millions, dont 326 pour la Prusse et 54 pour l’Etat de Brème. Les charges de ce capital à 3,5 pour 100, augmentées des frais d’entretien et d’exploitation des canaux, ce qui représentait au total environ 14 millions, devaient être couvertes par les péages très élevés que prévoyait le projet, savoir : 2c, 5 — 1c, 875 — 1c, 25 par tonne-kilomètre suivant la nature des marchandises sur le canal de Dortmund au Rhin, et moitié de ce taux sur le canal de l’Ems à l’Elbe. Mais, pour le cas où cette rémunération ferait défaut, les provinces intéressées devaient s’engager à garantir la moitié des charges annuelles évaluées ci-dessus, c’est-à-dire 7 millions. D’autre part, la concurrence que la nouvelle voie ferait au chemin de fer devait, d’après les prévisions du gouvernement, entraîner dans les recettes du réseau d’Etat une diminution de 84 millions, atténuée jusqu’à concurrence de 18 millions seulement par la diminution des frais d’exploitation, d’où une perte finale de 66 millions par an pour le budget de l’Etat.

Ce projet fut renvoyé par la Chambre à une Commission de 28 membres, qui, après une longue discussion, repoussa, dans sa séance du 17 mai 1899, par 17 voix contre 2, le canal de Herne au Rhin et, par 18 voix contre 10, le canal du Centre. Les motifs