organisée, dit un autre représentant de la batellerie[1], on trouve la concurrence artificielle, moins explicable, organisée par les chemins de fer de l’Etat prussien. » Et il fait longuement l’historique de cette lutte et de ses principaux incidens. Nous apprenons ainsi que, depuis 1883, les grains, le pétrole, le coton, la farine, les colis de détail et les marchandises pour l’exportation maritime ont été de la part du chemin de fer l’objet d’une concurrence acharnée au préjudice de la navigation.
La note change avec les représentans des chemins de fer ; non pas qu’ils nient la concurrence, mais ils assurent qu’ils la subissent et ne la font pas :
Le moyen le plus efficace de concurrence en matière de trafic, disent-ils, est la réduction des tarifs. Or, les voies navigables allemandes, et surtout les voies naturelles, ont abaissé leurs tarifs dans une telle mesure qu’ils sont notablement inférieurs à ceux des chemins de fer. Mais à cette raison vient s’en ajouter une autre des plus importantes : les tarifs des chemins de fer sont homologués par l’Etat et publiés ; ils doivent être appliqués uniformément à tous les transporteurs, tandis que les frets pour les transports par eau sont discutés dans chaque cas entre les intéressés, suivant les circonstances et la concurrence : souvent les tarifs consentis restent secrets. Si les représentans de la navigation accusent les chemins de fer de concurrence déloyale, ce ne peut être là qu’une accusation tendancieuse, dénotant un état d’esprit spécial d’après lequel tous les transports devraient appartenir aux voies navigables. Par suite, non seulement on n’admet pas que les chemins de fer se défendent, mais encore on considère comme inspirée par l’esprit de concurrence toute réduction de tarif de nature à gêner l’accaparement du trafic par la batellerie[2].
Cet échange de récriminations montre ce qu’est effectivement le soi-disant accord des voies ferrées et des voies navigables de l’Allemagne. Il n’est pas, hélas ! plus parfait que dans notre pays, et le ton de la dispute semble, au contraire, plus aigu là-bas qu’ici. Si l’on examine le résultat de la lutte, on constate que le chemin de fer est préféré pour les petits parcours. Les représentans de la navigation ne font aucune difficulté de le