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le trafic des chemins de fer prussiens ; celui d’Aussig a été installé aux frais du chemin de fer d’Aussig à Teplitz, et ceux de Tetschen et de Laubé, du chemin de fer Nord-Ouest autrichien, toujours dans un même dessein de concurrence. Inversement, les chemins de fer de l’Etat prussien ont été conduits, dans la région de l’Elbe comme dans celle du Rhin, à se prêter à la jonction de leurs lignes avec le fleuve pour ressaisir une partie des transports qui leur échappaient par les réseaux des États voisins. Telle est, en général, l’origine de ces nombreux points de contact qui existent entre les voies de fer et d’eau.

Abstraction faite de ces conditions spéciales, la situation est la même en Allemagne que dans les autres pays où les deux voies de transport coexistent ; il y a concurrence toutes les fois que ces voies desservent un même courant de trafic, et nulle part peut-être cette concurrence n’a été dénoncée de part et d’autre avec plus d’âpreté que chez nos voisins.

Les deux parties ne sont d’accord que pour faire précisément justice de la théorie que nous rappelions tout à l’heure et qui consiste à attribuer a priori les marchandises pondéreuses à la voie d’eau et les objets de valeur au chemin de fer.

« En présence du fait notoire, dit le Directeur d’un des réseaux d’Etat prussien, que ce sont précisément les marchandises de haute valeur, telles que les céréales, le sucre, le pétrole, les colis isolés, qui voyagent par eau, et les marchandises de peu de valeur, comme les charbons, les minerais, les pierres, le bois qui empruntent les chemins de fer concurrens, il est inutile de s’arrêter à une réfutation d’appréciations de ce genre qui n’ont d’autre but que d’égarer l’opinion publique[1]. »

Un autre ingénieur a analysé en détail le trafic desservi en 1884 par le chemin de fer et par la voie d’eau[2]. Dans l’ensemble, ce trafic s’est réparti à raison de 85 pour 100 pour le chemin de fer et 15 pour 100 pour la voie d’eau. Or, tandis que la part prise par cette dernière est bien au-dessous de la moyenne pour le charbon (10 pour 100), pour le minerai (9 pour 100), pour le fer (8 pour 100), elle dépasse sensiblement cette moyenne

  1. Chemins de fer et voies navigables d’État, par M. Ulrich, président de la Direction des chemins de fer de l’État prussien.
  2. Le trafic des marchandises sur les voies navigables allemandes, par M. Todt, conseiller du Gouvernement et aujourd’hui président de la Direction des chemins de fer de l’État prussien à Essen.