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Prusse de 1816 à 1896 est évaluée à 400 ou 500 millions par M. Colson[1], à 450 millions par M. de Kauffmann[2]. « On peut sans hésitation, dit ce dernier, conclure que les sommes actuellement dépensées pour le réseau des voies navigables, en Allemagne, sont de beaucoup inférieures aux sommes qui ont été affectées au réseau français. » C’est, en effet, la conclusion qui s’impose. Comme la longueur du réseau est la même des deux côtés, il s’ensuit que chaque kilomètre navigable a coûté en moyenne à l’Allemagne entre la moitié et le tiers de ce qu’il a exigé des contribuables français, ce qui tient à la proportion beaucoup plus grande des voies artificielles dans notre pays.

Quant aux dépenses annuelles d’entretien, elles sont à peu près les mêmes des deux côtés. Chez nous, de 9 millions 1/2, en 1887, elles sont montées, en 1901, à 12 300 000 francs, auxquels il faut ajouter plus de 3 millions pour les frais de personnel. En Prusse, elles atteignent actuellement 12 millions 1/2 ; mais le produit des droits de navigation vient en déduction de ces dépenses pour près de 7 millions[3]. Tandis qu’en France, les péages ont été abolis d’une manière générale par la loi du 21 décembre 1879 sur les voies navigables appartenant à l’Etat, et qu’il ne reste plus guère que les canaux concédés à la ville de Paris qui supportent encore des droits de navigation, dans la plupart des États de l’Allemagne et notamment en Prusse, ces droits sont perçus d’une manière générale sur les canaux. Seules les voies navigables naturelles ont été exemptées de taxes, en vertu de l’article 54 de la Constitution de l’Empire, ainsi conçu :

« Sur tous les cours d’eau naturels, il ne pourra être perçu de taxes que pour l’utilisation d’installations spéciales destinées à faciliter le trafic. Ces taxes, ainsi que celles perçues pour la navigation sur les cours d’eau artificiels qui sont propriété d’Etat, ne doivent pas dépasser les frais nécessaires pour l’entretien et les réparations ordinaires des installations. »

On remarquera que les canaux concédés à des villes ou à des sociétés particulières sont laissés en dehors de cette réglementation, ce qui leur permet de percevoir des péages rémunérant non seulement les frais d’entretien, mais aussi leurs dépenses

  1. Transports et tarifs. Paris, 1818.
  2. La Politique française en matière de chemins de fer, par le docteur de Kauffmann, professeur à l’Université de Berlin. Berlin, 1896.
  3. Exactement 6 700 000 francs, en 1893.