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long de 250 kilomètres, a pour objet de donner à l’important district métallurgique et minier de la Ruhr un débouché sur un port allemand de la mer du Nord (Emden), de manière à détourner son trafic des ports belges et hollandais auxquels aboutit le Rhin. La dépense de construction, évaluée en 1886 à 75 millions, s’est élevée en réalité à 105 millions, soit plus de 400 000 fr. par kilomètre, et il reste encore à faire d’importans travaux de parachèvemens. Ses résultats commerciaux n’ont pas répondu jusqu’ici aux espérances, comme nous le verrons plus loin.

Si l’on récapitule les dépenses faites jusqu’à ce jour en Allemagne, tant sur les canaux que sur les fleuves et les rivières, pour l’exécution du programme de 1879, on arrive à un total d’environ 500 millions, dont 400 millions pour la Prusse seule. Dans ces chiffres est compris pour 200 millions le canal maritime de Kiel, de sorte que la part de dépenses affectée à la navigation intérieure est seulement de 300 millions. Les sommes ainsi consacrées aux voies navigables se sont donc élevées en moyenne à 25 millions par an, dont 15 millions pour la navigation intérieure[1].

Il est intéressant de comparer cette situation avec celle de notre pays.

Au 31 décembre 1899, la longueur des voies navigables de la France atteint 13 762 kilomètres. Elle est donc à peu près égale à celle de l’Allemagne, mais la longueur réellement utilisée est chez nous de 12 135 kilomètres, contre 10500 seulement chez nos voisins, bien que leur pays ait une superficie un peu plus étendue et une population plus nombreuse de près de moitié. Une différence encore plus importante se trouve dans la proportion respective des voies naturelles et artificielles : tandis qu’en Allemagne, il y a 83 pour 100 de fleuves et de rivières et 17 pour 100 seulement de canaux, chez nous, les voies naturelles ne constituent que 64 pour 100 de l’ensemble, tandis que les canaux en forment 36 pour 100[2]. L’écart est encore bien plus sensible, quand on compare le trafic que ces deux catégories de voies

  1. Cette évaluation résulte : pour la période 1880-1890, des données recueillies par Sympher, Péages sur les voies navigables, 1892 : pour la période 1891-1899, du Rapport du ministre des Travaux publics de Prusse et des budgets des divers États.
  2. France. — Longueur des fleuves et rivières : 8 832 kilomètres, longueur des canaux : 4 930 kilomètres ; Allemagne. — Longueur des fleuves et rivières : 11 637 kilomètres, longueur des canaux : 2 126 kilomètres.