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compromise. Jusque dans le parti protestant, il y eut une heure de terrible angoisse. La portée d’un tel acte n’échappait à personne. C’était la guerre civile, au moment où la France avait besoin de toutes ses forces pour agir au dehors.

Mais le sort en était jeté. Personne n’était plus maître des événemens. Le 1er mai, le Roi quitte Fontainebleau et se met en route pour aller prendre, à Orléans, le commandement de son armée. Le 27 mai, par une déclaration datée de Niort et enregistrée le 27 juin, à Paris, il déclare tous ceux de ses sujets qui se joindront à l’Assemblée de La Rochelle, criminels de lèse-majesté au premier chef, et il ordonne de prendre contre eux les mesures d’exécution accoutumées en tel cas ; il enjoint à ses sujets, de quelque qualité qu’ils fussent, « aux villes et communautés faisant profession de la Religion Réformée, de comparaître en personne ou par délégués devant les juges royaux pour désavouer l’Assemblée de La Rochelle, ainsi que toutes autres et jurer d’aider le Roi contre elles. »

C’est la guerre, la plus affreuse de toutes, la plus inattendue, la plus absurde et, de part et d’autre, la moins préparée. Au moment où le sort de l’Europe dépend de la France, la France, en proie à quelque fureur obscure, se déchire de ses propres mains.


GABRIEL HANOTAUX.