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du culte catholique. » Le cardinal de Retz, le cardinal de La Rochefoucauld, le Père Arnoux, tous les ecclésiastiques ont un mot d’ordre, tiennent le même langage. Il y a bien la Reine-Mère et son évêque qui voudraient empêcher le voyage. Mais, battus de la veille, ils osent à peine chuchoter quelques timides objections.

Luynes cherche à lire dans les yeux du Roi les desseins de la politique française. Or, ces cavalcades pacifiques et glorieuses amusent le jeune homme que tant de têtes respectables ont d’ailleurs convaincu. On décide que l’on ira, du moins, jusqu’à Bordeaux.

Tandis que le Roi parcourt ces provinces que le protestantisme, jusque-là, traitait en maître, tandis qu’il occupe Saint-Jean-d’Angély dont il relire le gouvernement au duc de Rohan, tandis qu’il s’avance sur Blaye, et qu’il est de séjour à Bordeaux, alors même qu’il s’avance jusqu’à Polignac, sur la route du Béarn, c’est un long marchandage avec lui. La Force fait le voyage de la Cour à Pau et de Pau à la Cour, promettant toujours une soumission complète qu’il n’obtient jamais. Les exigences du Roi croissent au fur et à mesure qu’il avance, et les Béarnais pensent toujours qu’il ne viendra pas jusqu’à eux. Il quitte Bordeaux, traverse les Landes, arrive à Grenade sur les frontières du Béarn. On espère l’arrêter encore par des paroles. Le Conseil de Béarn vient le supplier de ne pas aller plus loin Mais c’est fini, maintenant. Le Roi dit : « Puisque mon Conseil de Pau a voulu me donner la peine d’aller moi-même vérifier mes Edits, j’irai et je le ferai plus amplement. » La Force insiste encore et se porte garant de l’entière soumission des Béarnais, et Louis XIII lui répond d’un mot à la Henri IV : « La Force, vous avez intérêt à ce que j’aille à Pau appuyer votre faiblesse ! »

A la délégation des Béarnais qui vient, en grand nombre, au-devant de lui, à Arzac, près de Pau, il fait connaître, sur les deux points en litige, sa pleine et irrévocable volonté : « Je n’entrerai à Pau que comme souverain du Béarn (voilà pour la question politique), et s’il y a une église pour y aller descendre (voilà pour la question religieuse). » Il fit son entrée à Pau, le 15 octobre, au milieu d’une foule silencieuse.

Les États furent convoqués pour le 19.

Mais, dès le 17, le clergé avait pris possession de l’église Saint-Martin, réouverte au culte catholique après cinquante ans.